jeudi 27 mars 2014

Trance psychédélique : A la recherche des nouveaux hippies



  "To fathom hell or soar angelic    

                                       Juste take a pinch of psychedelic"                                                                                                   H. Osmond

Soirée Psylloween organisée par Mousse en 2013
Source : lecoindesclubbers.com

Il fait nuit, il fait froid, dans les rues humides de la belle Strasbourg. J'ai comme l'impression de me perdre à l'intérieur d'elle, j'erre à travers ses longs sillons faiblement éclairés par des lampadaires décharnés et une lune rousse, presque invisible, à la recherche de mon rendez-vous. Mon rendez-vous avec la Trance-Goa.
Enfin, je me retrouve devant un bar, dans une petite artère déserte. Tout est si calme ici, on n'entend qu'au loin quelques rires trop alcoolisés et le bruit de pas esseulés. Une ultime respiration, une dernière bouffée d'air frais, et j'entre.
La soirée a été organisée par Mustafa Mousse. C'est lui que j'ai rencontré pour vous, c'est lui qui m'a ouvert les portes de cet univers si singulier ...

Soirée Psylloween organisée par Mousse en 2013
Source : lecoindesclubbers.com
Je descends un escalier et m'engouffre dans une sorte de petite cave très intimiste. Et je me retrouve là, parmi eux, au milieu des nouveaux hippies. Il y a un mec très grand, un allemand, avec des dread-locks, on dirait qu'il porte un pyjama. Il y a deux nanas aussi, bien plus jeunes, très jolies, très fashions. Il y a des vieux, très classes. Il y a aussi des gens comme vous et comme moi. 
Je les regarde tous. Ils dansent. Je n'avais encore jamais vu des gens bouger ainsi. Tout leur corps s'agite, comme s'il était entièrement envahi par la musique. Cette mélodie ultra colorée, quasi hallucinogène, pénètre leurs bras, s'empare de leurs jambes, elle fait battre leur cœur et adoucit leur âme.
Ils dansent tous différemment. Sans vraiment se regarder. Sans presque jamais se toucher. Pourtant ils semblent tous interconnectés, unis par cette même expérience psychédélique, ils semblent ne former plus qu'un, tous métamorphosés par un rite chamanique. Ils respirent la musique, ils l'avalent, elle les prend aux tripes. Elle les embarque, cette infernale mélodie pulsative, ces rythmes excessivement saccadés, vers un univers parallèle.
L'utilisation de percussions hyper rythmés ajoutés à des sons de synthés très complexes crée une sensation très étonnante, particulièrement intense. Plus on l'écoute, plus cette musique prend possession de notre esprit et nous entraîne dans une sorte d'hypnose commune. Elle peut rendre speed, elle peut rendre mou, mais elle ne laisse jamais indifférent. 
Soirée Psylloween
Ecouter de la goa une fois, c'est accepter de vivre l'orgasme de tous ses sens, le transport total de son âme. Ecouter de la goa, c'est regarder autrement son nombril, mais aussi la vie, tout l'univers.
Dans les soirées de Mustafa Mousse, la déco est toujours importante. Le DJ trône comme un roi, il regarde la foule en souriant. Sur les murs, des dessins fleurissent, des grands champignons ombragés, des représentations astrales, des formes géométriques. Carrés, ronds, triangles semblent se fondre ensemble. Les lumières, qui changent au rythme de la musique, complètent l'ambiance psychédélique à grand coup de vert, de bleu, mais surtout de rose acidulés.
Plus que vers une autre galaxie, cette étrange musique, véritable richesse émotionnelle, nous fait voyager vers une utopie, l'utopie des anciens hippies. Peace, Love and Unity.
"J'ai découvert la trance-goa il y a environ une quinzaine d'années grâce à internet", explique Mousse. "J'écoutais déjà du rock psychédélique. Les Doors, Pinkfloyd, Hendrix, ... C'est la base ! La psy-trance ou la goa-trance sont dans la continuité, c'est vraiment l'évolution du mouvement hippie."
La Goa-Trance, associée au numéro 604, trouve son origine dans un mouvement hippie qui s'épanouissait à Goa, en Inde, des années 70 à 80. Étrange mélange entre la techno, le rock psychédélique, la new wave, la musique industrielle et la musique orientale, ses mélodies sont rythmées et très riches. Aux basses puissantes omniprésentes s'ajoutent souvent des samples tout droit sortis de films de science-fiction. Les références au mystère, au voyage intersidéral, à la libération de l'esprit et à de nouvelles expériences sensuelles sont nombreuses.
"C'est une musique transcendantale, c'est ça qui me plaît", explique Mousse, "Ça tourne généralement autour de 140 bpm (battements par minute). On reconnaît surtout cette musique au rythme triolet, galopé en fait. Il n'y a a pas de parole, pas de poésie, pas de lyrisme. C'est la musique qui dicte tes pensées et non les paroles. S'il y a parfois des voix, c'est uniquement pour embellir la musique."
Astral Projection, Electric Universe, Hallucinogen, Cosma, X-Noise, ... Autant de groupes de Psy-Trance.
Si Mousse voue une passion à ce genre de musique, il n'en rejette pas les autres pour autant : "Sinon, j'aime bien tout ... sauf le rap. Le rap dégage de la haine, et je ne suis pas concerné par ce qu'ils racontent, ou plutôt pas touché."
Soirée Psylove organisée par Mousse
Pour ce qui est de la Trance-Goa, il explique : "C'est vrai qu'il n'y en a pas trop en Alsace. C'est beaucoup moins présent en France que dans d'autres pays d'Europe comme l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne. " En plus de l'Europe, la Trance-Goa séduit des pays comme l'Israël ou le Japon.
"La Trance, ce n'est pas qu'un mouvement musical, c'est un art de vivre et de penser. C'est vraiment lié aux hippies. Chez nous, c'est le "smile" tout le temps ! Nous, on est peace, love and unity ... C'est bien loin de leur sex, drugs and rock'n'roll !" Rigole-t-il.
Il est comme ça, Mousse. Il rigole tout le temps. Il vit dans son propre monde, il a sa propre façon de penser, de parler. Il joue avec les mots. Il joue avec les sentiments. C'est un personnage tout à fait à part. Il est, à mes yeux, le plus parfait représentant de tout l'esprit Goa à Strasbourg.
C'est surtout lui qui organise les meilleurs soirées de Goa-Trance en Alsace. "La première soirée que j'ai organisé remonte à 2010 ... Je connaissais les soirées Goa et tout ce que ça implique : les DJ's, la déco, le visu ... Mais ça, je ne le vivais que dans mon petit monde à moi.Je suis allé à des soirées Trance à Paris et c'est là que je me suis dit que, plutôt que d'aller constamment à la capitale, je pouvais très bien amener les soirées Goa ici, à Strasbourg."
Ses soirées accueillent 600 personnes en moyenne. Son festival Avoid The Void a eu lieu en août 2013. Il s'étalait sur deux jours, de vendredi à dimanche midi, et a réuni 800 personnes. Celui-ci a eu lieu à Kronenbourg, il se tenait en partie dans une salle et en partie en plein air.
Mousse a réussi à faire venir sur Strasbourg plusieurs DJ's très connus dans le monde de la Trance tel qu'Ephedrix, Solaris, Shagma ou Micro Scan.
Festival Avoid The Void organisé par Mousse
Si ses soirées rencontrent un tel succès, au point que ce sont désormais les parisiens qui font le déplacement jusqu'à Strasbourg, c'est parce que Mousse s'implique vraiment à fond dans tout ce qu'il fait. Aucun détail n'est négligé, tout doit être parfait, en osmose complète avec l'esprit de la Psytrance. Ainsi, la décoration des salles est pour lui primordiale : "C'est super important ! Tout se met en contexte grâce au visu. Ça donne un cadre à l'événement." Il n'hésite pas non plus à faire venir des artistes tels que des bodypainter.
Son rêve, pour sa prochaine soirée, serait de faire venir de nombreux artistes et d'organiser, le temps d'un week-end, un festival psychédélique qui se présenterait comme un petit village, un havre de paix pour les gens qui vivent heureux, heureux d'être déconnectés de la réalité, heureux d'évoluer dans leur univers.
Cette soirée serait pour Mousse sa dernière. En effet, cet "hobby", comme il le qualifie lui-même, lui prend beaucoup de temps, "ça fatigue !" dit-il. Il explique également qu'il est extrêmement difficile de réussir à trouver une salle qui soit assez grande et, surtout, assez éloignée d'éventuels voisins qui pourraient se plaindre du bruit.
Il avoue : "En fait, la soirée que j'ai fait en décembre devait être la dernière. Je l'avais officiellement annoncé. Mais quand j'ai vu ce que les autres font à côté, ça m'a révolté !"
Mustafa tient énormément à la pureté de l'esprit de la Psy-Trance. Éloigné des considérations commerciales, il veut avant tout que ses soirées soient scandées par le spirituel, la mystique et, surtout, le bonheur.
Parce que c'est ce qui frappe, dans ses soirées, les gens sont heureux. Pas de bagarre, pas d'insultes, tout le monde est content d'être là. Et si tu échanges des regards avec d'autres danseurs autour de toi, ils te sourient, tout simplement.
Je n'ai pas résisté longtemps à la voix féminine qui m'invitait à m'envoler pour l'hyperespace. La Goa-Trance s'empare de toi, elle creuse derrière les barrières de l'inconscient, elle vient libérer ton âme. Dans ma quête extatique d'absolu, cette musique hypnotique m'offre des mirages colorés, fluorescents. Transgressant tous mes complexes, je m'appuie sur l'herbe verte pour m'élancer vers la voie lactée, éclatante de mille et une étoiles, de mille et un diamants. La joie semble irradier autour de moi comme le feraient les étincelles du cristal. Cette musique électronique aux rythmes si vivants a un cœur qui bat intensément. Étrange mélange entre la modernité énergique et saccadée et les rites chamaniques traditionnels, il faut l'écouter pour la comprendre.
"Comment veux-tu que je te décrives mes soirées ? Est-ce qu'on peut décrire un sentiment, une émotion ? Non. Il faut le vivre. C'est tout."

"To make this trivial world sublime
Take a half a gramme of phanerothyme"
A. Huxley








mercredi 12 mars 2014

Beni Art : le génie de la rue

Peace, love, unity and having fun ! 

Ces mots, cet état d'esprit fabuleusement urbain, collent à la peau de Beni Art. Son cœur bat au rythme du hip hop. Ses mains réalisent des œuvres d'art. Des murs aux corps, Beni Art est un strasbourgeois hyper doué qui impose son style ultra coloré, débordant de mouvements, une véritable explosion de joie de vivre. Beni Art nous fait découvrir l'intensité de son art, son splendide moyen d'expression. A grand coup de crayons, de bombes, de pinceaux et de pas de danse, il nous embarque dans son incroyable univers, étrange mariage entre les mangas et le hip hop, une fabuleuse union pour un style unique, bercé par l'imagination de l'enfance, rythmé par un beat déchaîné.

Beni Art
(Toutes les photos de cet article m'ont été remises par Beni Art)


"Je viens tout juste de rentrer de Nice !" s'exclame Beni Art en s'asseyant à ma table. Sa passion le fait voyager aux quatre coins de la France.
L'histoire d'amour entre ce jeune homme incroyablement talentueux et le dessin remonte à son enfance. "J'ai commencé à dessiner vers 7-8 ans grâce à ma maman qui illustrait mes carnets de poésie. Ça a été un vrai déclic. Depuis, je ne fais que dessiner."
Plus qu'un simple plaisir, un divertissement parmi d'autre, le dessin est pour lui un moyen d'expression : "Je n'aime pas trop parler. Par exemple, quand j'étais petit et que je devais réciter un poème devant un public, ça me faisait peur. J'arrive beaucoup mieux à m'exprimer grâce aux gestes."
S'il s'éloigne alors des mots c'est pour mieux se rapprocher de la danse. Inspiré par Michael Jackson et Pop'N'Taco, il reproduit le moon walk et la wave de ses idoles. "La danse me permet de m'exprimer, de prendre possession de l'espace. C'est un vrai partage entre le public et toi." Cette danse acrobatique, qui tire ses origines de la culture africaine, s'est peu à peu métamorphosée pour devenir, dans les années 70, le break dance porté par James Brown notamment. La danse, plus qu'un art de la grâce, plus qu'une démonstration physique, est un moyen de communication. Les danseurs y voient une façon de se montrer, d'être présent dans le monde, un miroir mouvant de leur personnalité. Et les gestes deviennent peu à peu des mots ...
La danse le fait glisser dans le milieu hip hop au cours des années 90. Il explique : "Il y a une émission sur MTV qui m'avait vraiment marqué à cette époque. Elle expliquait toute la culture hip hop, l'influence d'Afrika Bambaataa et toutes les disciplines réunies par ce mouvement culturel".
Né aux Etats-Unis dans les années 70, le hip hop a émergé dans les quartiers populaires. Poésie, musique, peinture, déclamations, cet art de la rue, créateur d'un style à part entière mais aussi d'une véritable communauté, avec son langage et ses codes, trouve dans les villes sa source d'inspiration et son moyen d'expression. D'une activité ludique à un phénomène sociologique de très grande ampleur, le hip hop a totalement modifié la société, il a pris possession de l'espace publique où il est né, il y impose ses couleurs, ses mouvements, sa vision de la vie.
En 1998, Beni Art a commencé à graffer. Bercé par le hip hop, poussé par son amour du dessin, ce fut naturel pour lui. Son art s'étend sur les murs, il redessine la rue. Dans le gris de la ville, il impose son style, ses couleurs jaillissent sur les surfaces, remplissent l'espace, elles métamorphosent les façades. Le promeneur attentif, au cours de sa marche silencieuse dans les sillons tristement noirs des artères urbaines, sera surpris par ce scintillement franc et joyeux, cette débauche de couleurs, l'intensité magnifique du message porté par les graffitis de Beni Art.
Violet, rouge, vert, noir ou jaune, ce jeune artiste pique à l'arc-en-ciel ses plus belles couleurs pour donner vie à ses œuvres. Ses dessins, toujours en mouvements, paraissent se lover dans les volumes, ils semblent prendre vie. "Le bleu, surtout, est vraiment une couleur qui m'inspire. Le bleu ciel en fait. Il m'inspire l'idée de voyage, de la mer, de la liberté. Le bleu, c'est être dans les nuages et être dans les nuages, c'est être libre." Si son bleu s'inscrit au cœur de la rue, c'est en tant que rêve d'un ailleurs. Il se lit comme l'espoir enfantin d'une liberté pleinement heureuse, le rêve d'un échappatoire solaire et serein. Ce bleu, c'est la présence d'une absence.
"Le dessin, ça me soulage. Ça me permet de penser à autre chose. Je ne pense à rien quand je dessine. Je griffonne de ma main gauche, sans vraiment réfléchir, puis ça vient petit à petit." On sent chez Beni Art cette passion pour le dessin, ce désir et même ce besoin. L'art l'habite, il est sa raison de vivre.
"C'est comme si j'avais deux âmes" déclare-t-il. Il y a Tan, jeune homme gentil et discret, et puis il y a Beni Art, c'est son blaze, qui a sa propre histoire.
Beni Art, c'est surtout un style totalement à part. "Je m'inspire des mangas, de la culture japonaise en fait, et du hip hop, c'est ce qui donne le style Beni Art ! Tout le monde me dit qu'on reconnaît mon style. Le hip hop a fait un boom en France, tout comme le manga d'ailleurs, mais c'est vrai que le mélange des deux est plutôt rare." Par la magie de son talent, par la subtilité de son art, il a réussi à combiner ces deux univers.
"Akira Toriyama, le dessinateur de Dragon Ball Z est vraiment mon maître ! Je l'ai pas mal recopié étant petit. C'est comme ça que tu apprends, tu commences par faire du copié-collé. Tu imites avant de pouvoir toi-même créer." explique Beni Art avant d'ajouter : "Je n'ai jamais pris de cours de dessin, je suis autodidacte."
"Sinon, ce qui m'a aussi beaucoup inspiré, côté manga, ce sont les années 80-90 avec Sailor Moon, Nicky Larson, Saint Seiya ... Côté hip hop, ce sont des graffeurs comme Tilt, Mode2, Fafi ou Miss Van."
"Bien sûr, je viens du milieu hip hop, mais j'ai une culture très personnelle. Par exemple, les lettrages que je fais sont très old school." Beni Art innove, il se laisse porté par ses goûts, par sa magnifique personnalité, par son superbe talent.
"Ce que j'aime vraiment, c'est créer. J'aime créer des formes. Créer des personnages. J'ai tendance à regarder un peu partout. J'observe tout, les formes, les visages, les caractères, ... Tout ce que je vois m'inspire. J'ai besoin de me nourrir constamment, de toujours voir ce qu'il y a autour de moi. Je n'utilise jamais de bloc notes, je garde tout dans ma tête."
C'est vrai que, quand on lui parle, on remarque que ce jeune trentenaire ne peut s'empêcher de regarder tout ce qu'il se passe autour de lui. D'un tempérament très calme et posé, il est pourtant incapable de tenir en place. Ce besoin de tout voir, de se nourrir de ce qui l'entoure, est primordial pour lui.
Beni Art ne vit que pour apprendre toujours plus de choses. Il se lance constamment des défis. Milles et unes idées fourmillent dans son esprit comme autant de petites étincelles artistiques, ses projets se dessinent à toute allure. Quand on discute avec cet incroyable artiste originaire du Cambodge, on réalise qu'il mène une folle course contre le temps, seule barrière à se dresser contre son envie de pouvoir tout faire, tout de suite.
Fan de tatouage, il explique "Beaucoup de personnes s'étonnent que je ne sois pas tatoueur aussi. J'ai déjà crée des motifs pour des tatouages. Le problème, c'est que je ne suis pas patient. Je travaille très rapidement. Mais, cette année, je vais m'y mettre ! Je veux d'abord me former au niveau de l'hygiène, des outils aussi ..."
"J'ai vraiment envie d'apprendre ! J'ai envie de me nourrir ! Je ne veux pas être excellent, être le meilleur, mais je veux qu'on reconnaisse que mon travaille est bon."
Tel un alchimiste des temps modernes, Beni Art transforme tout ce qu'il touche en or. Aucun domaine artistique n'échappe à sa superbe curiosité. "J'aimerais beaucoup me lancer dans la sculpture. Je ne suis pas bricoleur. Faire de la poterie, tout ça, ce n'est pas mon truc. Mais j'ai envie d'aller toujours plus loin. Tous les jours, j'apprends quelque chose de nouveau. Toutes les personnes que je rencontre m'apprennent quelque chose. C'est vraiment très important. Le partage, les échanges, permettent d'apprendre plein de nouvelles choses !"
Beni Art s'est même essayé à la photographie : "J'ai envie de faire quelque chose de nouveau dans la photographie. De regarder les photos avec un œil artistique. Les photos, ça me parle vraiment. Ce que j'aimerais, c'est aller plus loin que la modèle posant sur le fond blanc. J'aimerais qu'elle s'inscrive dans un lieu, qu'elle se fonde dans un décor ... La photo, en fait, c'est comme la peinture. Par exemple, je suis déjà allé voir plein de fois le Radeau de la Méduse au Louvre. Tu peux imaginer plein de trucs avec ce tableau et c'est ça qui me plaît !"
Beni Art est un touche-à-tout. Il se sert de son talent, ce véritable cadeau de la nature, avec brio pour exprimer toute sa personnalité, tout ce qu'il a dans le cœur, pour magnifier les arts de la rue. Si le paysage urbain dans sa totalité est sa source d'inspiration, si les hommes lui transmettent l'envie de peindre, il s'éloigne pourtant de tout réalisme et reste fidèle à son style si personnel, cette marque "Beni Art" qui n'appartient qu'à lui.
Il explique : "Bien sûr, mes dessins sont le reflet de ma personnalité. J'adore l'imagination des enfants ! Les enfants se créent un univers et ils arrivent à le partager avec les autres. J'aime tout ce qui est enfantin, kawaï, mignon quoi. Et c'est ce qui plaît d'ailleurs ! Les gens ont envie de voir quelque chose de différent !"
Beni Art observe le monde avec son propre regard, il le transforme avec ses pinceaux. Et si cet artiste est si connu aujourd'hui, c'est surtout parce qu'il excelle dans le body painting. "Après le papier, la toile ou les murs, j'avais envie de travailler sur un autre support. Ce que j'aime surtout, c'est travailler sur les volumes. J'ai donc commencé le body painting en 2010 et ça marche bien ! Je fais des prestations dans des boîtes de nuit de toute la France, je peins sur des modèles connues ou non. Je tiens d'ailleurs à remercier Marco 93 et Benjamin Legrain que j'ai connu lors d'une expo à Paris. Il y a aussi Alex Hansen bien sûr, le plus grand body painter, qui peint entièrement les modèles, de haut en bas. J'ai collaboré avec lui pour sa marque de peinture."
"Il y a le body writing, le body graffiti ... Je fais quelque chose de différent, une sorte de tatouage imprégné par le manga. Au début, c'était dur de trouver des modèles. Beaucoup de personnes ont refusé avant de finalement revenir vers moi. Pour moi aussi c'était un peu bizarre, je n'avais pas l'habitude de peindre sur des corps ! Tout le monde s'imagine qu'il faut obligatoirement être nu, mais ce n'est pas le cas. On peut très bien peindre un bras seulement. Et non, il n'est pas nécessaire d'être une belle femme ! La beauté est une question de goût de toute façon, chacun a sa propre vision de la beauté. L'important pour moi c'est juste qu'il y ait un volume sur lequel je puisse peindre. Ma démarche est purement artistique."
Le body painting est un art éphémère, une démonstration artistique qui ne dure qu'à travers les photos, seule trace des dessins réalisés par Beni Art : "C'est vrai que je prends 3 à 4 heures pour réaliser ces dessins qui vont finalement s'effacer mais ça ne me dérange pas ! Je sais que, de toute façon, j'aurais un support grâce à la photo. C'est la seule preuve qu'on garde à vie ! Et puis, le plus important, c'est qu'on prenne du plaisir à faire ce qu'on fait. C'est vraiment primordial dans la vie."
Ce passionné a un agenda bien rempli. Boîtes de nuits et modèles le sollicitent énormément. Le petit alsacien s'est fait un grand nom dans le monde du body painting. Artiste freelance, il est inscrit depuis trois ans à la maison des artistes. Il confesse : "Là, c'est vraiment très bien parti ! Mais j'ai quand même dû me battre pendant deux-trois ans. On m'avait prévenu d'ailleurs, c'est le temps qu'il faut pour réussir."
Fort de ses dons et de son style si original, Beni Art a de nombreux projets : body painting, illustrations, mascottes, motifs de tatouages, stickers, .. Sur son site, vous pourrez trouver des badges, mugs, stickers ou vêtements décorés par son style fabuleusement coloré.
Ce danseur qui soutient la Zulu Nation France, une communauté qui regroupe de grands artistes hip hop, évoque un autre projet qui lui tient à coeur : "jusqu'à présent, j'ai toujours dessiné sur du A4. Même sur le A3, j'ai du mal. On m'a fait remarquer dans plusieurs expos que ce serait bien que je fasse de plus grands tableaux. Il va falloir que j'essaye mais, comme je travaille dans ma chambre, j'ai un vrai problème de surface !"
Ce qui étonne aussi, chez Beni Art, c'est son incroyable modestie. "Je n'aime pas le terme d'artiste. Je ne me considère pas comme tel. Ce sont mes parents qui m'ont éduqué ainsi."
Pour ce qui est de son blaze, impossible de savoir quelle est son origine, c'est un secret ! "Très peu de personnes savent pourquoi j'ai Beni Art pour blaze. C'est très personnel."
Discret par sa personnalité, il explose de couleurs par son talent. Cet alsacien est un artiste extraordinaire. La rue, les gens, sont ses terrains de jeu. Tout le monde peut être spectateur de son style où le hip hop danse avec les mangas, où le japonais se mélange à la peinture très américaine du street art. Beni Art, c'est un diamant urbain et coloré.



Le site de Beni Art : 

http://www.beniart.book.fr/

Pages facebook :

https://www.facebook.com/artbenibook?fref=ts

https://www.facebook.com/pages/Please-Paint-Me/308450549195661


Et, pour le plaisir, quelques œuvres de Beni Art :



Chambres décorées par Beni Art


Exemple de pull réalisé par Beni Art













jeudi 6 mars 2014

Stéphane, le détonnant trésor d'une personnalité artistique

Stéphane L. est un artiste délicieusement hors-norme. Auteur, compositeur, interprète, il navigue, seul maître à bord, entre les mers sauvages de tous les arts. Son goût de l'aventure l'a poussé à lever les amarres pour partir droit vers les fantastiques territoires de la musique, de la photographie, du cinéma et de l'écriture. Autodidacte, il fait tout, tout seul.
Pour nous, il a accepter de dévoiler sa personnalité très complexe, mariage subjuguant entre un espoir joyeusement enfantin et un humour sarcastiquement grinçant, mais aussi d'évoquer l'étonnante étendue de ses talents et, enfin, de décrire un monde du spectacle bien noir, où l'hypocrisie règne en maître.
Poena, Terminachin-Haine 1 The Rise of Gwippe A, Hell-E, ... Bienvenue dans l'univers fabuleusement décalé de Stéphane L ...

Stéphane L. par Stéphane L.
Tout a commencé par une série de vidéos intitulées "Ah ! Vous êtes là !". Il explique : "Le principe est très simple : Je suis là, je vois que vous êtes là, et je dis ce que je fais tous les jours." Le Sauveur, Internet Progrès, Le courrier, elles durent toutes moins d'une minute et ont pour principe de faire rire.
Stéphane a un humour particulier qu'il qualifie lui-même de "pince sans rire". Cette dérision sympathiquement grinçante est nécessaire selon lui car elle permet de relativiser, de prendre du recul, d'éviter de se laisser assommer par la dépression grandissante au sein de la société actuelle. "C'est assez dur de faire rire car aujourd'hui les gens sont trop premier degré", confie-t-il. "J'aime être drôle, c'est d'ailleurs ce que je fais de mieux." Il ajoute : "Je m'attaque à tout : le racisme, la religion, ... L'important pour moi c'est de ne pas être méchant."
Quand on lui demande s'il souhaite faire passer un message à travers ses œuvres, dénoncer les travers de la société, il répond : "Non, pas vraiment, parce que je sais qu'on ne peut rien changer. Regarde, on est en 2014 et pourtant il y a encore des gens qui meurent de faim dans la rue, ici, en France !"
Si, dans ses films comme dans ses éditos, il porte sur le monde un regard très personnel, parfois sombre, l'espoir explose pourtant dans sa personnalité. "Je galère pour me faire repérer, je gagne mal ma vie, mais je vis dans le sud, j'ai une vue à un million de dollars, et tout va bien !"
Depuis ses séries de vidéos jusqu'à ses courts métrages, cet autodidacte réalise tout lui-même : le scénario, les dialogues, le son, les prises de vues, ...
Suite à sa série "Ah ! Vous êtes là !" Stéphane a d'ailleurs réalisé des clips. Les chansons, c'est lui aussi ! "En fait, je suis très à l'aise point de vue oreille. Je joue de la batterie, de la guitare, de la basse, du piano ... Je ne suis pas un pro mais j'ai des notions suffisantes pour pouvoir créer." Cette passion pour le rythme l'habite depuis sa jeunesse : "Quand j'avais neuf ans, mon père m'engueulait parce que je jouais de la batterie sur Supertramp avec des baguettes chinoises ..."
Photo par Stéphane L.
Sa version du générique de James Bond ou celle de Gangsta's paradise ont réussi à séduire un large public sur youtube. S'il n'a pas pour objectif de particulièrement innover à travers ses musiques, il veut avant tout pouvoir plaire à son public. Dans des teintes de noir et blanc, ses chansons sont sensuellement douces, étonnamment modernes, tendrement émouvantes. "Quand on te dit qu'on reconnaît ton style dans tes divers musiques, c'est que tu as gagné !"
Ses influences sont assez nombreuses : Police, Bowie, Depeche Mode, Tears For Fears. S'il apprécie tant la musique des années 80 c'est parce que cette période est pour lui synonyme d'innovation, d'aventures musicales osées, de nouveauté.
C'est cette même originalité que cet adorateur du cinéma recherche dans les films. Fan de Spielberg, Tarantino et des frères Cohen, il apprécie tout particulièrement le genre fantastique et des films comme Alien ou Blade Runner. "Je ne suis pas sectaire, j'apprécie tous les films de qualité. Ce que j'aime surtout, ce sont les idées originales, que ce soit quelque chose à part. Il faut que, quand on le regarde, on se dise : pas con, l'idée !"
Cette originalité et cette qualité dans les films, Stéphane les applique à ses propres œuvres. Il apprécie aussi les chutes étonnantes ...
Il nous parle de Poena, court métrage très bien filmé où il donne la parole à un arbre : "Je regardais un arbre et je me suis dit : Ce serait vraiment horrible d'être dans la peau d'un arbre avec une conscience humaine ... d'où l'enfer, c'est les arbres !" Les acteurs sont, comme toujours, des amis à lui. On y voit aussi son âme-sœur, Florence : "Je tiens d'ailleurs à grandement remercier Florence Lecoeur pour la confiance qu'elle m'a porté et toute l'aide qu'elle m'a donné tout au long de ces aventures".  Stéphane, pour sa part, se trouve devant la caméra, et derrière aussi..
"J'essaye de trouver quelque chose d'original ce qui est assez dur à notre époque ..." Confie-t-il. Pour Terminachin Haine-1, il explique : "Tout le monde se demande comment j'ai fait ! En fait, je m'étais dit : je vais faire un truc de cinq minutes. Résultat : 30 minutes, 1 an de travail acharné et six mois passés à apprendre les effets spéciaux. Le scénario a été fait à l'arrache et pourtant il y a déjà des scènes cultes ! Le plus gros du travail était la post-prod ! Malheureusement, à l'époque, j'avais un très mauvais matériel. Maintenant, j'ai un Canon 600D qui filme très bien en HD. Tout ce qui concerne ce long métrage est fait par moi : musique, scénar, etc. J'essaye de tout faire avec mes moyens et moins on a de moyen, plus l'imagination tourne !"
Comme à son habitude, tout sort de sa créativité si sucrée et de son séduisant talent aux mille et unes facettes. Exceptionnellement, c'était une de ses amis qui tenait la caméra. Son moyen-métrage, dont il a tout réalisé lui-même depuis la direction des acteurs jusqu'à la musique en passant par tous les arrangements, a été sélectionné au "Festival International du Film de Court Métrage Fenêtre sur Courts 2012", une récompense tout à fait méritée pour ce passionné qui, en dépit des trésors artistiques qui se logent en son cœur, a du mal à se faire connaître.
Terminachin-Haine 1
Pour son nouveau projet, Hell-E, dont vous pourrez bien évidemment voir le teaser ci-dessous, Stéphane
dévoile : "Ce sera un long métrage dans le genre de Poena. Avec une super chute ! Mais pour ça, il va falloir que je trouve des prods." Dans le teaser, on voit un homme creuser dans la terre, à un endroit bien précis, et trouver un crâne avant de se saisir de son téléphone pour dire "Je voudrais signaler un meurtre". La musique qui accompagne cette ambiance glaciale, un peu effrayante, légèrement triste, est aussi douce que poignante. Dans un genre policier-fantastique, l'annonce de ce futur film résonne comme un mystérieux écho : "Il en meurt ... Elle revit".
Cet artiste touche-à-tout a également fini second au concours de l'affiche de pub pour le parfum "Amporio Armani two fragances".
Stéphane ne brille pas seulement par la formidable étendue de ses talents mais aussi par sa forte personnalité. Armé de son franc-parler et de son humour à toute épreuve, il n'hésite pas à se lancer des défis. Ses éditos, tels que "Papa Noël, Dieu et la Mort" ou "Allô ? Ween ?" sont les parfaits témoignages de sa plume légère mais aiguisée.
Il faut d'ailleurs bien du courage, et du tempérament, pour se lancer à la conquête du territoire dangereusement sauvage du cinéma amateur. "C'est un milieu très difficile ... Un jour, mon prof d'art dramatique, Robin Renicci, m'a dit : Steph, pour que les portes s'ouvrent, il faut déjà être derrière ... Ça veut tout dire !" Passionné depuis toujours par l'art, loin de baisser les bras, il a préféré saisir ses plus belles armes pour partir à l'assaut de cet infernal champ de bataille.
"Dans ce milieu, il ne faut pas se leurrer. Pour réussir, il doit y avoir 90% de chance et seulement 10% de talent. On est vraiment noyé dans la masse et, quand on n'est pas connu, on est traité comme de la merde. Tu peux envoyer 40 DVD, avec des détails de dingue, la filmographie, etc, il y en aura peut-être deux qui vont te répondre. C'est très ingrat ... Et ça touche directement ton amour propre. D'ailleurs, il y en a beaucoup qui dépriment après un refus. Ce n'est pas mon cas, mais il ne faudrait pas que ça dur !"
Fidèle à lui-même, Stéphane défend fièrement ses idéaux et son talent sans jamais se départir de son sourire. "Le problème, c'est que les chaînes, les boîtes et les producteurs n'aiment pas les personnes comme moi. Ils pensent qu'on ne sait pas travailler en équipe. En fait, ils ont du mal à comprendre ce que je sais ou non faire. Ils sont un peu déconcertés."
Photo par Stéphane L
Dans la société actuelle, qui impose sans ménagement ses carcans fermement étriqués, les personnes qui ont le malheur de sortir de la norme ne sont pas acceptées. Justement, Stéphane, en véritable caméléon, ne rentre dans aucun moule. Même son caractère se révèle être en frein : "J'ai un esprit et une logique de gamins. Si quelque chose ne me plaît pas, je le dis, tout simplement, et ce n'est pas du tout le protocole dans le milieu du cinéma. Au contraire, c'est le royaume de l'hypocrisie." Bien loin du rôle du courtisan mielleusement flatteur, Stéphane n'a d'autre choix que de s'accoutumer à cet étrange univers.
Il explique : "Je m'accroche. J'ai le sentiment que, tôt ou tard, ça payera. J'espère tout simplement qu'un jour j'arriverais à pouvoir travailler dans ce domaine, vivre de ce dont je pense être doué. Le cinéma, la musique, ce serait juste dingue ! J'ai un carnet d'idées bien remplies !"
Stéphane se considère lui-même comme une éponge qui absorberait tout et, surtout, qui apprendrait tout. "Je vais t'expliquer le processus quand un réalisateur voit mon boulot. Il apprécie ce que je fais, se dit que je suis bon, on discute, il me prend comme ami, il m'appelle "poto". Il me demande alors de faire des effets ou des musiques pour ses films, mais il me dit qu'il n'a pas de thune, que je dois le faire gratos. Flatté, j'accepte tout de même. Il me promet monts et merveilles mais ensuite plus rien ... Voilà le cheminement pour l'instant. Mais, maintenant, je ne suis plus dupe ..."
Par ailleurs, cet univers superficiel, méchamment hypocrite, si peu sympathique, n'accorde qu'une bien petite place aux courts-métrages : "Les critères des festivals sont très bizarres ... ¨Par exemple, tu as déjà vu un court-métrage remporter le festival de Cannes ? Pourtant il y a un festival du court-métrage à Cannes mais il est bien moins connu du grand public."
Stéphane, plus qu'un artiste hors-norme, à la personnalité exceptionnelle, est le digne représentant de tous ces musiciens, photographes et cinéastes amateurs qui ne sont pas reconnus à leur juste valeur. A travers son témoignage, il nous livre le portrait touchant du combat inégal des artistes face aux producteurs et à l'injuste concurrence de ceux nés avec une cuillère d'argent dans la bouche. Comme tous, il peut cependant compter sur l'amitié sans faille de ses proches tel Emmanuel Kumm ou Florence Lecoeur que Stéphane tient tout particulièrement à remercier.
Coûte que coûte, le cœur de Stéphane continuera à battre au rythme de la musique, ses yeux continueront à briller pour le cinéma, il ne cessera jamais de transformer ses rêves et ses pensées en petites œuvres d'art, jusqu'au jour où son talent réussira à éclater au grand jour.

La page facebook de Stéphane L :

https://www.facebook.com/stephane.unknownprod

Le teaser de Hell-E, son tout dernier projet :

https://www.facebook.com/photo.php?v=230004113790655

Poena, court-métrage par Stéphane L :