mardi 27 mai 2014

Iron Bastards : they do it fast and loose !

"The snake has bite, his poison kills the silence
                                       The snake has bite, boogie woogie violence !"

Prenez une bière et montez le son à fond, les Iron Bastards envahissent votre salon ! 

Lâchez vos cheveux et, mesdemoiselles, préparez-vous à lancer vos petites culottes en l'air et à remuer vos fesses, ce jeune groupe présente son premier EP : Boogie Woogie Sessions, un diamant aussi brillant que tranchant, du rock'n'roll à l'état pur !

Un son lourd et viril, une rythmique terriblement énergique, une voix rauque incroyable et un charisme chaleureusement déjanté, tel est le cocktail si agressivement orgasmique de ces talentueux musiciens, disciples de ce cher Lemmy Kilmister et de son groupe emblématique.

That's rock'n'roll baby !



Les Iron Bastards
De droite à gauche : David Semler : guitare, Anthony Meyer : batterie ; David Bour : basse et chant
"Bastards are the future of the world !"
Mai 2013 : C'est parti, Iron Bastards est né. 
Anciennement Nöclass, Anthony Meyer, David Bour et David Semler avaient pour habitude de ne faire que des reprises de Motörhead. "On a une façon de jouer ensemble qui marche vraiment bien alors on a eu envie de faire nos propres compos", explique David. "On avait déjà tenté de faire nos compos, on s'est pas mal cherché. On essayait de se démarquer à tout prix de Motörhead, ce qui est difficile puisque c'est notre influence naturelle, c'est notre style. Finalement, on a décidé de rester cohérent, de faire ce qu'on aime, et si les gens nous disent que notre musique ressemble à du Motörhead, eh bien ! Oui, c'est le cas !"
"C'est notre passion pour ce groupe qui nous a réuni. Motörhead, c'est la bande son de notre vie ! Quand tu prends ta caisse le matin pour aller au boulot, bah tu mets Motörhead, ça donne la pêche ! Et il n'y a pas que leur musique qui nous touche, c'est tout le feeling de ce groupe. Motörhead, c'est le vecteur qui a fait qu'on joue ensemble", raconte David.
Il n'y a d'ailleurs qu'à regarder ce chanteur très charismatique pour comprendre toute l'influence de Lemmy : son look, le fait qu'il chante et joue de la basse, et puis, surtout, sa voix si incroyable pour un jeune homme de pas tout à fait 24 ans. Mâture, rauque, presque éraillée, vraiment puissante et pourtant aérienne, ce rockeur ultra cool a une voix en or qu'il maîtrise à la perfection. Il est né pour chanter du rock'n'roll, tout simplement.
Anthony et David le guitariste se connaissent depuis qu'ils ont trois ans. "On ne s'est jamais lâché !", s'exclame le sympathique Toto. Il aura pourtant fallu attendre l'arrivée de David Bour dans leur horizon, il y a de cela environ six ans, pour que ces deux potes de toujours se retrouvent sur une même scène. 
"Quand on s'est rencontré, on s'est immédiatement dit qu'il fallait qu'on joue ensemble." note David à la longue chevelure de rockeur et au sourire si simple et naturel, absolument charmant.
"On avait pas mal de projets avant Nöclass puis Iron Bastards, avec tout au plus de deux à quatre musiciens. On a fait quelques répéts' et on s'est rendu compte que le feeling passait vraiment bien."
Anthony ajoute : "On se connaît super bien musicalement tous les trois. On sait s'écouter. En fait, il y a une véritable alchimie entre nous".
"C'est d'ailleurs ça tout le travail d'un groupe : réussir à jouer ensemble alors que, à la base, tu joues individuellement. Ça ne se décrète pas en claquant des doigts, ça se travaille. Tu as le feeling ou tu ne l'as pas. Il faut que l'ensemble soit cohérent mais que, en même temps, chacun puisse exprimer sa personnalité", déclare ce chanteur plein d'humour et de douceur. Difficile de s'imaginer que sous cette tendresse apparente se cache un rock'n'roll aussi musclé et mordant.
En dépit de leur jeunesse, ces trois mecs font preuve d'un grand sérieux. David Bour explique en plaisantant : "Sur scène, chacun à son rôle. Toto est derrière la batterie, il ne peut pas faire le malin ! Il faut qu'il soit carré, qu'il donne le rythme, sinon on ne peut pas jouer correctement. David le guitariste est un peu timide sur scène même s'il fait beaucoup de progrès ! Quant à moi, je suis derrière le micro, c'est moi qui doit tenir le tout, motiver les gens, faire passer le temps entre les morceaux. Je raconte pas mal de blagues !"
Anthony ajoute : "On répète toutes les semaines pendant trois heures dans un local à Haguenau que nous louons auprès de la MLC (Maison loisir et culture) de la ville. On essaye d'être sérieux pour que ça aboutisse à quelque chose" Et David d'enchérir : "On rigole quand même bien, il faut dire qu'on a des fortes personnalités dans le groupe !"
Il en va de même pour leurs compositions, chacun tient sa place. Anthony, qui a commencé la batterie il y a bientôt dix ans, indique : "On cherche des riffs chez nous puis, en répét', on fait un buff pour voir ce que ça donne. On assemble les riffs. En répét', c'est là qu'on peut essayer des trucs."
Le guitariste, qui entrera en septembre dans une école de musique réputée, ajoute : "J'aime bien retravailler tout ça tranquillement chez moi."
Ce beau garçon au look de biker explique : "J'ai commencé la guitare il y a huit ans à peu près. J'ai vraiment accroché, alors, au bout d'un an, j'ai pris des cours. C'est là que j'ai vachement été influencé par le blues, parce que mon prof était très branché jazz et blues. En fait, quand tu commences la guitare, c'est surtout pour pouvoir jouer dans un groupe, et pour voir ce que tu vaux."
Si les deux autres ont appris en autodidacte, en écoutant des morceaux de leurs artistes préférés et en essayant de reproduire leurs musiques, ou en s'entraînant avec d'autres musiciens, ils se sont surtout rodés en jouant dans différents groupes.
On sent d'ailleurs leur expérience, aussi bien dans leur EP dont le son est absolument nickel, que sur scène où ils déchirent tout ! Ainsi le guitariste avait officié dans un groupe de heavy metal tandis que le chanteur joue encore actuellement dans Ratbomb, un groupe de grindcore qui tourne plutôt bien.
Pour ce qui est de savoir comment de gentils garçons comme eux, aux visages d'anges, sont tombés dans l'enfer du rock'n'roll, ils expliquent simplement avoir découvert par hasard Motörhead ou Chuck Berry via des plateformes de téléchargement.
"Avant ça, j'écoutais du Claude François", déclare tout naturellement le chanteur dont il est bien difficile de savoir si ce qu'il vous raconte est du sérieux ou du gros n'importe quoi ! Quant au batteur, il indique : "J'écoutais les CD de mes parents ou de ma sœur. Des trucs un peu plus punk genre The Offspring."
Il faut dire que les influences des Iron Bastards sont très diverses. Outre Motörhead, ils citent aussi bien Chuck Berry, Little Richard et Jerry Lee Lewis qu'ACDC, Black Sabbath, Deep Purple et Led Zeppelin. "On est des gros fans de rock psychédélique !" déclare le séduisant guitariste.
Si leur premier EP se nomme Boogie Woogie Sessions, en référence au dernier titre, Boogie Woogie Violence, qui déménage grave (je ne vois pas comment je pourrais le formuler autrement ! ), c'est évidemment en référence à ce style musical très bluesy : "En fait, c'est un mélange entre le boogie woogie, un air tranquille, quelque chose qui te fait claquer des doigts, mais en même temps la violence parce que tu ne peux pas faire ce genre de musique si tu n'es pas un minimum énervé !" dixit David qui impressionne par l'intelligence de ses réponses, sa façon de s'exprimer parfaitement claire et simple, le subtil entrelacement entre le sérieux de sa maturité et le franc humour lié la fraîcheur de sa jeunesse.
Il précise : "Il y a tout un tas de façon de faire passer son énervement, nous on le fait passer par du rock'n'roll, par un truc posé, un truc qui donne le sourire. Tu peux être énervé et avoir le sourire ! Boogie Woogie Sessions, ça donne le sourire. C'est un peu dans cet état d'esprit là qu'on a composé puis enregistré notre premier CD : avec le sourire mais en même temps avec l'envie d'en découdre ... En découdre avec les oreilles des gens, pas autrement !"
Tout en eux, que ce soit leur intrépide jeunesse, la coolitude de leur attitude, la puissance dansante de leur musique, découle du rock'n'roll.
Le chanteur des Iron Bastards explique ainsi : "Si t'écoutes la basse de Chuck Berry, c'est la même chose qu'on fait mais sans disto, c'est la même ligne de basse. En fait, je prends une basse rythmique rock'n'roll vraiment basique ce qui laisse au guitariste plus de liberté pour faire ses riffs."
Le David aux cheveux courts, cuir noir et jean retourné ajoute : "C'est la base du rock'n'roll aussi au niveau des instruments de savoir utiliser un maximum de possibilités, avoir les moyens de chercher plein de choses différentes. Vu qu'il a un jeu "simpliste" au niveau de la basse, il reste uniquement sur une tonalité, je suis assez libre au niveau des couleurs de la guitare que je peux ajouter par-dessus. Tu peux faire ce que tu veux, tu te laisses aller. Comment ça vient, comment tu ressens la musique ... C'est pour ça qu'au final notre musique est très brute".
Anthony, le beau brun ténébreux du groupe, délicieusement explosif derrière sa batterie, précise : "Le rock'n'roll, c'est la base de tout, la base de tous les genres. Par exemple le rap n'aurait jamais existé sans le rythm'n'blues de l'époque."
Le talentueux guitariste confirme : "La base de la musique moderne vient plus ou moins du blues. La façon d'écrire, de composer ... Ne serait-ce que la façon de faire de la musique. Même si tu ne t'en rends pas vraiment compte, tout la musique actuelle, même l'électro par exemple, découle de cette influence là. Dès que tu fais appel à des sentiments personnels dans les chansons, ça vient du blues parce que c'est lui qui a amené ça dans la musique populaire d'abord aux Etats-Unis puis en France. C'est le blues qui a apporté les fondements de la musique actuelle."
Du haut de ses 22 ans, Anthony, le genre de personne avec qui tu rêves d'être pote tellement il a l'air cool, explique : "On veut juste montrer aux gens qu'on est trois potes et qu'on aime ce qu'on fait. Si ensuite on nous dit qu'on est rock'n'roll, tant mieux, sinon tant pis. On est nous-même, voilà tout."
Le chanteur ajoute : "Le rock'n'roll, c'est la joie et on a envie de donner de la joie, tout simplement. Le but en concert n'est pas de faire la gueule ! Je te parlais de colère, de violence avant. Mais la colère peut être utilisée de deux façons, soit tu la mets en mouvement pour faire bouger le monde qui t'entoure, soit tu lui offres un moment d'apaisement avec un bon sourire et un bon morceau ! Pendant quelques minutes tu t'évades, et le public s'évade avec toi."
Si ces trois potes font de la musique avant tout pour s'éclater, David note : "On affiche quand même une certaine ambition dans le sens où on a envie de faire un max de concerts ! On ne veut pas devenir des rock stars, mais on veut faire parler de nous."
Le guitariste précise : "On veut partager notre musique au maximum.Si on voit une seule personne au fond de la salle sourire, on sera content pour ce type là parce qu'il aura compris le morceau comme on l'a fait nous-même et c'est ça qui est cool. 
L'objectif n'est pas de jouer dans le vide, de jouer juste pour nous, mais de partager ce qu'on fait, c'est ce qui donne le sourire, c'est la raison d'être de cette musique."
Les Iron Bastards sont totalement habités par la musique. Le rock'n'roll, surtout, tangue dans leurs veines, il multiplie les roulis dans leur âme. C'est cette agressivité musicale tendrement salée, ce rythme dansant chaudement épicé, cette envie explosive d'une liberté sucrée qui nourrit leur cœur, qui l'anime, qui marque le tempo de leur vie.
Anthony le dit très bien : "Dès que je me lève, j'écoute de la musique. Je ne pourrais pas passer une journée sans musique, c'est impossible ! La vie serait bien moche sans musique."
Dans leurs concerts, on trouvera toujours "de la sueur, de la bière et des sourires !" s'exclame le chanteur.
"Est-ce que vous voulez du rock'n'roll ?" Demande David au début du concert.
Ça pogote, ça swing, ça sautille, ça chante, ça crie. Le public est totalement déchaîné, survolté, en transe. Ils ont leur dose d'énergie, leur came de pur rock'n'roll, ils ont leur shoot d'Iron Bastards.
Les trois jeunes assurent le show, les bras s'élèvent, les têtes se secouent dans tous les sens, les corps sont balancés à grandes doses de la plus énergique et enjouée des musiques. Devant la scène, on trouve de tout : des deatheux, des trasheux, des métalleux, des punks, des pin ups mais aussi des messieurs tout le monde. De 20 à plus de 50 ans, tous s'unissent au rythme de Boogie Woogie Violence, Fast And On Time ou encore Breaking The Past. Le rock'n'roll est fédérateur, toutes les générations, tous les styles et tous les milieux sociaux se déchaînent sur cette musique follement mouvementée, une délectation pour l'âme, une puissante jouissance pour tous les sens.
Photo : MadRon Photography
https://www.flickr.com/photos/mad-ron/
David nous explique les paroles qu'il écrit lui-même : "Dans Boogie Woogie Violence, c'est le serpent qui mord et son poison tue le silence. Le serpent, c'est notre musique et le poison c'est le sentiment qu'elle provoque. Quand tu écoutes notre musique, il n'y a plus de silence, puisque c'est notre rythme qui envahit tout."
Il ajoute : "J'aime bien parler de ce que je ressens au quotidien, de ce qui m'entoure. J'utilise beaucoup de métaphores. Il y a des chansons où je fais la transposition de la société telle qu'elle fonctionne avec des animaux : des ânes, des singes, des cochons, puis j'essaye de faire rimer tout ça !"
David continue en rigolant : "On parle pas mal de nos soirées, de nos délires aussi. Si tu te prends la peine d'écouter, tu te rends compte qu'il y a des trucs marrants. On a un morceau bien rock'n'roll, Bastards Are The Future of The World, où je parle de nous trois. On est des mecs tranquilles, des mecs posés. Ton attitude, si tu ne nous aimes pas, elle n'a pas d'importance pour nous. De toute façon, les bâtards sont quand même le futur du monde !"
Photo : MadRon Photography
https://www.flickr.com/photos/mad-ron/
Nous aurons d'ailleurs bientôt la chance de découvrir de nouveaux bijoux musicaux bien rock'n'roll puisque les Iron Bastards retournent en studio cet été afin de sortir un nouvel EP d'ici septembre. En fin d'année, c'est un live enregistré à la Maison Bleue qui sortira.
Et d'ici-là, si vous voulez découvrir leur musique à la fois brute, groovie, précise, rapide et à l'heure (Fast & On Time, yeah !) c'est David le chanteur qui vous le dit : "Viens nous voir en live !"


Découvre le tout premier clip des Iron Bastards ! 



Page facebook des Iron Bastards :
https://www.facebook.com/ironbastardsrocknroll?fref=ts

Pour écouter leur EP, c'est par là que ça se passe :
www.ironbastards.bandcamp.com










Page facebook de mon blog :
https://www.facebook.com/pages/RocknArt-of-Elsass/1405274239721813



jeudi 1 mai 2014

Et si on allait boire un verre au Wawa ?

Petit tour à la Krutenau un samedi après-midi. Les terrasses ensoleillées sont noires de monde, les bières brunes et blondes, les mojitos tachetés de vert et les diabolos grenadines tendrement roses colorient le paysage. Il sent presque l'été, ce beau printemps habillé par les rires insouciants des gens, et les discussions terminent d'animer ce paysage, au rythme des cendriers qui se remplissent.
Je m'arrête place Saint Nicolas aux Ondes, devant le Wawa. Avec ses grandes fenêtres noires, ce bar attire le regard. "Cocktails, brunch, hot dogs et love", le ton est donné.
Je me faufile pour la toute première fois à l'intérieur de l'établissement. Accoudé au bar, un grand barbu souriant m'attend, c'est Romain Buffa, le patron. Papotons !


(Photos : Lucie ... Enfin moi quoi !)
Ce jeune homme sympathique, très apprécié par ses clients (et j'en connais beaucoup !), est avant tout un patron extrêmement professionnel, vraiment brillant.
De 2004 à 2009, cet alsacien si charismatique suit ses études à l'école de commerce de Strasbourg. Il part à Dublin en 2007 afin d'obtenir une licence en marketing. Au cours de son cursus scolaire, il est également amené à effectuer plusieurs stages, dont un en Angleterre, un de six mois en Australie et un autre en Bretagne qui lui ouvrira les portes du célèbre horloger Pierre Lannier. Il y travaille en tant que commercial en GMS (Grandes et moyennes surfaces) dans tout le secteur grand est. 
Romain Buffa
Son embauche par SASA, le leader mondial des plaques de cuisson pour les fours industriels, lui offre l'opportunité de partir pendant deux ans aux Etats-Unis. Représentant de cette marque sur le continent nord-américain, il a pour mission d'entretenir et de développer un réseau de clients parmi lesquels Mcdo, Burger King ou les pains Harry's. Quand je lui demande ce que cette expérience lui a apporté, il me répond en rigolant "Eh bien je peux te parler de pain pendant des heures !"
"Non, sérieusement, étant donné que je travaillais tout seul sur place, ça m'a vraiment aidé à m'organiser et à devenir autonome. Je devais entièrement planifier mes déplacements, entre le billet d'avion, la location de voiture, la chambre d'hôtel ... Ça te responsabilise vraiment ! Et je négociais directement avec les directeurs techniques et les directeurs d'exploitations ... Pas mal de gens intéressants ... J'étais basé à New-York mais j'avais des clients sur tous les Etats-Unis et le Canada. J'étais chez moi le week-end, le reste de la semaine j'étais baladé de droite à gauche, de Chicago à Montréal, etc ..."
Il explique : "A l'issue de ces deux années passées aux Etats-Unis, je suis rentré en France. J'ai toujours su que je voulais créer une entreprise, mais je ne savais pas trop dans quoi. D'ouvrir un bar n'était pas un projet travaillé depuis des années. Mais une fois que je me suis posé la question "qu'est-ce que je peux faire ?", ça m'est apparu comme un choix logique, presque naturel en fait." 
Ce jeune entrepreneur, fort de la richesse de ses expériences et de son caractère ambitieux et déterminé, se lance dans la recherche d'un local en février 2012. "Ça a été long ! Il a fallu plus d'un an et demi pour trouver un local, pendant ce temps je faisais des petits boulots à droite et à gauche, dans différents bars." Il explique : "J'ai fait pas mal de visites, une bonne trentaine. Il n'y a que quatre ou cinq locaux qui ont retenu mon attention. On cherche toujours ce qu'on peut trouver de mieux avec l'argent qu'on a ... Pour la recherche, j'ai fait appel à un agent immobilier, ça m'a facilité la tâche. Ce qui était dur, en revanche, c'était de négocier les prix ..."
En août 2013, les papiers étaient signés. Le 1° novembre, le Wawa ouvrait ses portes.
"C'était un kebab avant les travaux ! Tout était rose, avec des colonnes grecques, alors on a tout démoli, et tout remplacé."
La décoration actuelle, sublime mariage entre le presque-baroque et l'industriel assumé, est un rêve éveillé de parfaite excentricité. La taule embrasse le bois qui s'efface pour laisser place à une tapisserie totalement vintage. Le blanc, le bleu, le noir et le jaune se côtoient en toute amitié dans cet univers qui explose d'une modernité ultra design. Aux vieux fauteuils, lustres et autres grands miroirs dorés s'ajoutent des chaises d'écoliers, sans oublier la baignoire-canapé ...
Je ne sais pas vous, mais, personnellement, j'ai souvent des envies absurdes, du genre crier "Pikachu attaque éclair !" en plein examen, écraser ma tête dans un wedding cake juste sous le nez de la mariée, ou m'asseoir en public sur des WC. Grâce au Wawa, j'ai pu réaliser ce dernier souhait. Merci, Romain !
Il nous révèle la recette de ce savoureux cocktail visuel : "Je me suis inspiré de pas mal d'endroits où j'étais, principalement à New-York. J'ai repris des concepts. Il y avait certains éléments que je voulais retrouver dans mon bar comme les canapés, le beer pong, le mur d'enceintes, la baignoire ... Ce sont des éléments de déco très différents, il a fallu s'arranger pour qu'ils aillent bien ensemble. J'ai fait appel à une agence d'architecture et d'aménagement intérieur, on a discuté pendant plusieurs jours et on a eu l'idée de créer un bar-appartement avec différentes pièces, différents univers combinés dans un même endroit, ce qui permet de sauter du coq à l'âne naturellement" 
Il ajoute : "La décoration est le résultat d'envies, de coups de cœur, et non une suite logique à un parcours précis. Je voulais qu'il y ait des choses sympas, ludiques, en rapport avec l'alcool ou non. D'où les jeux de société par exemple. Parfois, les gens ne savent pas trop quoi se dire, alors il faut les aider un peu !"
"Ça fait plaisir de voir que ce bar est décrit comme un endroit branché. J'ai juste tenté d'imaginer à quoi ressemblerait mon lieu préféré, et je l'ai créé ici. J'aime qu'on trouve un thème dans un bar, qu'on y trouve une identité."
Le jeune Wawa peut être fier de sa personnalité excentrique, sucrée autant qu'épicée, sympathiquement atypique. Bien loin des lieux glacés, figés, ce bar a une âme, un cœur qui bat ardemment. C'est peut-être pour ça aussi qu'on s'y sent si bien, qu'on a l'impression d'y être un peu chez soi. En créant un bar à son image, Romain a réussi à séduire un large public.
"Je n'ai pas eu d'appréhension quand le moment est venu d'ouvrir le Wawa. Ce n'est pas dans le bar que j'ai eu peur, mais plutôt au moment de signer le prêt bancaire. C'est là que tu réalises les sommes qui sont en jeu, ce que tu vas devoir rembourser. Heureusement, le bar a très bien marché tout de suite. Ça fait vraiment plaisir de voir que les gens suivent le projet, qu'ils ont bien accroché avec l'ambiance, la déco, etc."
Romain parle de son bar avec passion. C'est son projet, son entreprise, c'est un peu son bébé aussi. Il s'y investit totalement, il y offre aux clients toute une part de lui-même. Le nom de Wawa est un élément personnel de plus : "A l'école de commerce, on était une petite bande de copains, on traînait dans les couloirs au lieu d'aller en cours, et on gueulait des conneries ... Du coup, les gens, qui entendaient une espèce de brouhaha, nous ont surnommé Wawa, en référence au bruit qu'on faisait. On a développé ce surnom pendant trois ans : on a fait des cartes de visite, on a créé des "soirées Wawa", etc ... Après l'école, chacun est parti de son côté mais on essaie tous les six mois de se réunir pour faire une soirée Wawa ... J'ai trouvé que ce nom était un bel hommage aux Wawa boys !"
La musique a fait de ce bar son royaume. Beaucoup de rock, mais aussi du jazz, du funk, du hip hop ... "On passe vraiment de tout en fonction de l'humeur du moment. Mais les clients reconnaissent bien ma patte musicale. Ils savent qu'en venant ici, ils écouteront des choses qu'ils n'entendent pas ailleurs. Je préfère mes playlists aux radios ... C'est pour les clients, bien sûr, mais c'est aussi pour moi, ça me fatigue d'écouter tout le temps la même chose !"
Romain pousse la personnalisation de son bar, cette recherche d'âme et d'originalité, à un point très élevé, au point de vouloir maîtriser la musique et pour cause : "La musique est l'élément le plus important pour un bar, en dehors du personnel souriant évidemment. Un bar peut tourner uniquement avec un bon personnel et de la musique sympa. La musique arrive à conditionner les gens. Si tu passes un morceau calme, inconsciemment, les gens vont se détendre, et si tu en mets un qui bouge plus, ça va les stimuler."
Méthodique, sérieux, dynamique, ce jeune patron veille aux moindres détails. Tout doit être parfait dans son bar afin d'en faire un paradis superbement festif. Il nous parle du personnel, élément primordial dans ce genre d'établissement : "Il faut qu'il soit très professionnel et de bonne humeur. C'est important car, quand tu vas dans un bar, tu veux avoir quelqu'un de souriant face à toi. Je n'embauche que sur recommandation, ça permet de réduire les risques. Pour ce qui est des extra, j'en ai déjà embauché en me basant sur leur CV mais je les choisis surtout parce que leur attitude me plaît sur le moment."
Les serveurs courent dans tous les sens, portés par une ambiance joyeuse, ils valsent d'une table à l'autre, dans une chorégraphie déjantée. La bière mousse, les cocktails sont secoués. "Je me plais à dire que nos mojitos sont vraiment pas mal", déclare Romain, toujours aussi souriant. "Sinon, le caipi est aussi très apprécié ! On n'est pas spécialisé dans un alcool en particulier, on a de tout. Et de 15h à 20h, c'est la happy hour, alors on propose tous nos cocktails à 5 euros !"
Côté restauration, Romain assume pleinement sa source d'inspiration nord-américaine : "On propose des burgers, des hot dogs (ndrl : dont le Yoda !), mais aussi des plats à partager comme des nachos, des wings ou des sticks. Je voulais vraiment changer de l'indétrônable planchette qu'on voit partout à Strasbourg."
Pour ce pointilleux entrepreneur, petite restauration rime avec grande qualité : "On utilise énormément de produits frais. Tout ce qui est tomates, oignons, salades, est coupé le matin même. La viande des burgers et des hot dogs vient d'un boucher. Le pain des burgers est un pain aux céréales fait sur mesure par un boulanger. Les sauces, le guacamole, tout ça est fait maison. Même les frites sont faites maison, coupées par nos petites mains."
En digne capitaine de navire, Romain Buffa tient fermement la barre de son bar (ouah, quel jeu de mots !). Tout est à sa place sur ce navire qui avance sur une mer tantôt smooth, tantôt crazy, selon l'humeur des clients, l'ambiance de la soirée. Cela fait si peu de temps que le Wawa s'est lancé et a quitté le port, et pourtant il a déjà parcouru un tel chemin, semant dans l'écume de son passage que de commentaires positifs, séduisant toutes les sirènes qui s'aventurent à son bord.
"L'ambiance évolue au fil de la soirée. C'est d'abord gentillet pendant l'apéro, ensuite on mange et puis, vers 21h, ça commence à se décontracter tout doucement. On a majoritairement une clientèle d'habitués, et c'est ça qui est génial. Ils viennent parfois en groupe, parfois seuls. Mais même si un mec débarque sans prévenir, il sait qu'il va forcément retrouver des gens qu'il connaît. C'est vraiment agréable comme sensation !"
Je l'interroge : "Etant donné que le bar est situé à la Krutenau, vous devez principalement avoir une clientèle d'étudiants ?" "Bah oui, comme tu peux le constater", me répond-il en me montrant deux clients sexagénaires assis à côté de nous ... "Si, en semaine, il y a beaucoup d'étudiants, ce qui est normal au vu de la localisation, le week-end il y a surtout des 25-30 ans. En fait on a vraiment une clientèle très variée."
Les nombreuses soirées organisées au Wawa, et notamment celles musicales, expliquent en partie l'immense succès rencontré par ce bar. Pour Romain, véritable mélomane, il est tout simplement naturel d'organiser des concerts : "Je fais venir des DJ's tous les vendredis et les samedis. Ça peut être aussi bien du groove que de l'électro-jazz ou du hip hop ! Je ne fais jamais payer les entrées car je considère que c'est un service en plus qu'on offre aux clients mais, du coup, je ne peux pas faire venir des gens trop connus qui reviendraient bien trop cher ... On organise aussi d'autres sortes de soirées. Par exemple, tous les premier mercredi du mois, c'est beer-pong ! Et le mois prochain, on va faire une soirée pyjama !"
Il explique : "60% des ventes se font après 20h. Je dirais que le pic a surtout lieu entre 22h et 23h. C'est un rythme vraiment très intense ! Il y a toujours quelque chose à faire dans un bar ! Etant donné que le Wawa ouvre à midi, ma journée commence vers 11h et se termine à 3h ... Pour le moment, je préfère fermer à 1h30 plutôt qu'à 4h du matin."
Si le bar tourne vraiment très bien en soirée, Romain aimerait développer la clientèle qui vient aux tranches horaires des repas. On peut faire confiance à ce patron à la personnalité hors norme pour réussir dans tout ce qu'il entreprend. Son parcours d'étudiant, et notamment son master 2 en création d'entreprise est un véritable plus : "Bien sûr, ça m'aide énormément à gérer le bar. Surtout pour tout ce qui est compta, finances, communication, ... Tu ne peux pas appliquer simplement la théorie à la pratique, en fait, tu adaptes la théorie à la pratique. Disons que, grâce aux études, tu sais à quoi t'attendre."
"Un bar, ce n'est pas comme n'importe quelle entreprise. Ce n'est pas spécialisé, ça ne s'adresse pas à un public très ciblé, comme le ferait une boîte en métallurgie ou en design. Alors, pour faire tourner le bar, il suffit d'avoir du bon sens. Bien sûr, il faut savoir gérer les stocks, les courses, les fournisseurs ... Il faut être multitâche pour gérer un bar ! Tu dois aussi bien savoir faire le service que remplir une fiche d'impôts ! C'est vraiment important d'être organisé ... En fait, le service, c'est ce qu'il y a de plus simple, je considère ça comme du repos !"
Si ses études lui permettent de savoir comment gérer le Wawa, ce sont surtout ses voyages qui ont donné naissance à ce bar : "Si je n'étais pas parti de Strasbourg, si je n'avais pas voyagé, je n'aurais peut-être pas ouvert mon bar et je n'aurais surtout pas eu ces idées-là ! Les voyages permettent de voir tout ce qu'il y a autour, de s'ouvrir l'esprit, de développer son sens critique en se donnant de nouvelles références.
"On fait la fête de la même façon dans les différents pays. Disons qu'il y a certaines particularités culturelles qui influent sur les horaires de sorties, sur les alcools ... Par exemple, en Irlande, quand tu sors du boulot, tu vas directement au pub où tu manges et tu bois un coup. Pour ce qui est des  Etats-Unis, la maturité niveau alcool vient plus tard. En France, passé 25 ans, tu gères l'alcool, tu ne risques plus de vomir avant 23h, alors qu'aux Etats-Unis c'est beaucoup plus tard ..."
Mais retour à Strasbourg : Romain nous explique pourquoi il a choisi de s'ancrer dans cette ville : "C'est un endroit que je connais, j'y ai habité, j'y ai fait mes études. On peut dire que j'y suis depuis 10 ans, même si ça a parfois été par intermittence. Je connais les autres patrons, la dynamique de la ville, les endroits intéressants, ... Il faut savoir toutes ces choses quand tu veux ouvrir une affaire, il faut connaître les spécificités du lieu. Ça permet de se faire une idée des cibles et des prix. Et puis, quand tu veux faire un commerce avec les particuliers, ça marche beaucoup par le biais des connaissances. Bien sûr, j'aurais adoré faire quelque chose d'exotique, créer un bar à New-York par exemple, mais cela aurait été bien plus difficile et périlleux."
"Strasbourg est une ville qui bouge énormément, c'est une capitale européenne qui se développe plutôt bien. Entre le tram, les pistes cyclables, les foires, ... C'est vraiment une ville sympa et dynamique."
"La Krutenau est un quartier très branché. C'est le deuxième plus cher de Strasbourg, juste derrière la Petite France. En 2000, il n'y avait que des étudiants ici. Et à la fin des années 80, c'était un quartier assez malfamé. Quand tu vois tout ce changement en 20-25 ans, tu comprends que Strasbourg est une ville qui bouge, qui évolue."
"C'est vrai qu'il y a beaucoup de bars dans le coin. Dans le commerce, on parle de concurrents indirects parce qu'on ne vise pas la même cible de clientèle."
"Le Chariot est plutôt un bar d'artistes, au pub d'à côté, c'est axé sur le sport, le Zouave est plutôt destiné aux 40-50 ans ... On a tous notre propre clientèle. Cette concentration est positive dans la mesure où elle permet d'attirer beaucoup de monde, des personnes très différentes, c'est une force ! Et puis les voisins sont cool !"
Pour terminer l'interview, je demande à Romain quels sont ses projets pour l'avenir : "C'est vrai que j'ai déjà pensé à ouvrir un autre bar. C'est une option qui se pose naturellement, un peu comme pour un couple qui, au bout de deux ans, se demande s'ils veulent ou non avoir un enfant. Pour l'instant, ça ne reste qu'une toute petite idée, je préfère me focaliser sur celui-ci jusqu'à ce qu'il commence à pouvoir vraiment marcher de lui-même. J'espère que le Wawa vivra encore de longues années !"
C'est ainsi que s'achève ma rencontre avec Romain Buffa, un patron simplement sympathique et très professionnel. En quittant le Wawa, je n'ai qu'une envie : y retourner au plus vite avec ma p'tite bande d'amis pour y passer une soirée fun et funk, une soirée comme on peut en vivre nulle part ailleurs.

Et juste pour le plaisir, le tout récent classement des bars strasbourgeois par Zoom on Strasbourg
Source : http://blog.zoomon.fr/top-5-des-bars-a-strasbourg/