Schnaps!
Plus qu'un alcool bien connu des Alsaciens, c'est une toute nouvelle revue littéraire créée par de jeunes strasbourgeois. Ils sont beaux, ils sont drôles mais surtout ils sont intelligents et passionnés ! Ce qu'ils nous proposent ? Des textes inédits, de l'humour, de l'imaginaire, de la vivacité, des artistes, des délices de phrases, des mots à boire, une revue à partager.
Nouvelles et poésies, efficaces, couillues, terriblement bien écrites, qui te prennent aux tripes, te retournent et t'embarquent dans différents univers. Les voisins voyeurs, l'amateur de porno, le professeur en smoking et cognac, l'homme vieillissant et ses questions sur la mort ...
D'ailleurs, rejoins-moi, on se fout sous la couette, sur la terrasse ou au bord de la piscine, avec un verre de Mirabelle, et on se fait un Schnaps!
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Un Schnaps! sur la terrasse |
Combien de membres y a t-il dans votre
équipe ?
Nous sommes 8 au total. Les 8 membres
fondateurs de notre association " Les brouilleurs de prose". C’est
elle qui sert de cadre légal pour éditer la revue. Chacun s’implique
comme il le souhaite, selon ses compétences et en fonction du temps qu’il peut consacrer à Schnaps!, car
nous avons tous un boulot en parallèle.
Mais tout le monde fait partie du
comité de lecture, et les décisions
importantes sont toujours prises collectivement, souvent autour d’un verre !
Pendant combien de temps l’idée
de cette revue a-t-elle dû mûrir avant de pouvoir enfin se concrétiser
? Où pourra-t-on se la procurer ?
C’est
une idée qui nous trottait dans la tête
depuis longtemps - des années. Nous nous
connaissons tous de longue date. Certaines amitiés
dans le groupe remontent à dix, quinze
ans. Il y a même trois sœurs dans l’équipe
!
Disons qu’au
début, on concluait régulièrement nos soirées par de
petites lectures de textes. On attrapait un livre, souvent un recueil de
nouvelles, on choisissait une bonne histoire puis on lisait une page à tour de rôle. On le fait
encore parfois.
Au bout d’un moment, l’envie s’est manifestée de créer
quelque chose ensemble. On a d’abord pensé à retaper une vieille ferme et à élever
des poules, mais fonder une revue littéraire nous a
paru moins incertain.
On s’est donc
recentrés sur cette passion commune pour la littérature et le truc s’est
mis en route. Aujourd’hui, on est
tous très fiers de ce qu’on a fait et de
ce premier numéro. C’est
plus que l’aboutissement d’un projet, c’est aussi celui de longues années
d’amitié.
Je suppose que vous êtes tous des grands fans des belles lettres ! Quels sont vos auteurs préférés et les courants littéraires ou plus largement artistiques qui vous inspirent ?
Nous lisons tous pas mal, mais pas
tous les mêmes choses. Emilie et moi sommes des littéraires purs et
durs, Marie a fait des études d’histoire de l’art et de protection du
patrimoine, Anaïs un master en politique et gestion culturelle. L’équipe
comprend aussi un mathématicien, un musicologue, un urbaniste et un infographiste
3D !
Nos différentes sensibilités donnent parfois lieu à des
débats autour des textes que nous recevons. Cela nous permet
de rester ouverts à toutes les propositions, ne pas nous
enfermer dans un champ trop restreint pour donner envie de lire à un public
varié.
Mais il y a des figures tutélaires, des
auteurs qui nous inspirent pour notre ligne éditoriale
: Bukowski, par exemple, et plus généralement les écrivains du dirty realism américain comme
Dan Fante ou Mark SaFranko (que nous avons eu la chance de publier dès le premier numéro). Il y a la
Beat Generation.
Les nouvelles fantastiques du XIXème
siècle français, celles de
Maupassant par exemple ou Théophile Gautier. Emilie dévore
beaucoup de fantasy (les livres d’Alain Damasio,
entre autres) mais elle donne aussi dans le théâtre
élisabéthain et la
littérature indienne ! Quant à Marie, elle peut passer un mois
sur Oscar Wilde et t’agiter d’un coup de la science-fiction sous le nez...
Et
puis, au-delà de cela, beaucoup d’entre
nous sont musiciens, dans des genres qui vont du punk hardcore à la musique classique.
Quelles sont les revues qui vous
inspirent ? Avez-vous une forme de nostalgie par
rapport à cette époque où les
plus grands auteurs publiaient leurs poèmes dans des magazines ?
Les revues
underground américaines des années 60-70, comme Open City. Il y a aussi, en France, la revue Borborygmes, qui
n’existe plus malheureusement. Décapage, bien-sûr, incontournable aujourd’hui.
Et la très belle revue basée à la Réunion, Kanyar.
Il est vrai qu’il existe un certain imaginaire de la revue littéraire, qui a toujours exercé sur
moi une grande fascination. Arturo Bandini faisant ses premières armes au sein du magazine de l’éditeur
J.C Hackmuth dans le roman Demande à la poussière de John Fante ! Des trucs comme ça.
Les revues ont souvent joué le rôle d’un terrain
formateur pour de jeunes écrivains, leur
offrant l’opportunité de
découvrir leur voix propre et de fortifier leur style, de
trouver leurs lecteurs. Elles constituent des lieux d’expérimentation
et de construction et cela peut être déterminant dans le parcours d’un
auteur.
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Un Schnaps! au bord de la piscine |
Comment le choix des textes se fait-il ? Quel profil d’auteur privilégiez-vous ou bien fonctionnez-vous par coup de cœur ? J’ai
vu que vous aviez même
fait un appel sur Facebook, ça a
bien fonctionné ?
Les auteurs ont-ils tous déjà une certaine reconnaissance ?
Nous publions surtout des nouvelles et
des poèmes. Le choix se fait par le biais du comité de lecture.
Il faut qu’il
se passe quelque chose. Les textes que nous retenons sont ceux qui
correspondent à notre ligne éditoriale, qui
est assez ouverte : des écritures
directes, qui vont au nerf de l’émotion, sans
fioritures inutiles. Nous recherchons aussi un certain rythme, une certaine énergie, et une économie de
moyens. Mais, comme dit, si ça marche, si ça nous touche,
on prend.
L’appel à textes lancé sur Facebook nous a surtout permis d’entrer en contact avec de jeunes auteurs, qui ont du talent
et que nous voudrions suivre dans le futur, même
si, pour la grande majorité, nous n’avons pas pu donner suite à leurs
propositions dans l’immédiat.
Un des textes au sommaire de Schnaps! #1, celui de
Pierre Abram Sanner, est cependant une première publication. Pour les autres, il s’agit
d’auteurs confirmés, comme Fabien
Sanchez, par exemple. La participation de Nicolas Mathieu, connu dans le milieu
du roman noir pour son livre Aux animaux la guerre, a aussi été l’occasion d’une belle
rencontre, puisqu’il nous a fait confiance pour publier,
outre sa nouvelle La fille aux seins nus, son premier poème vraiment achevé, lui qui n’écrit de la poésie que depuis
très peu de temps.
Y aura-t-il des textes inédits ?
Oui. C’est
même la condition sine qua non pour
publier dans Schnaps! Que des textes inédits
!
Allez-vous choisir des thématiques pour vos numéros ?
Et même si ce n’est
pas le cas, quels sont les thèmes
qui vous inspirent dans les textes que vous lisez ?
Nous ne sommes pas vraiment pour. On préfère laisser aux gens le choix de leur sujet, la liberté de leur création.
Après, évidemment, nous sommes plus sensibles à certains styles et certains univers. Un grand poème lyrique sur la Patrie ou la migration automnale des oies
cendrées aura peu de chances de paraître dans Schnaps!
Ce que nous
aimons, encore une fois, c’est la
dimension émotive, ce qui ne veut pas dire sentimentale. Du vécu. Des tripes. Un rapport immédiat
à la parole, fondé sur une urgence à dire ce qui
doit l’être. Pas le temps pour la dentelle. De l’humour, aussi, une forme de dérision.
Mais nous avons aussi un faible pour les littératures
de l’imaginaire, cette capacité d’embarquer le lecteur dans un monde insolite.
Bref, aucun thème imposé,
il faut juste que ce soit vivant !
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Un Schnaps! et de l'herbe |
La revue sera-t-elle strictement littéraire ou pensez-vous vous associez parfois avec d’autres artistes pour des illustrations par exemple ?
Le plus important pour nous, c’est le texte. Mais nous voulons donner plus de place à l’illustration dans les prochains numéros. Pour la couverture de Schnaps! #1, nous avons fait appel à un mec bourré de talent, illustrateur et tatoueur, Clem Tnti, qui est aussi un ami. Le résultat nous plaît beaucoup. Nous souhaitons par la suite intégrer plus de visuels au sein même de la revue, développer une vraie identité de ce côté-là, et permettre à des artistes de se faire connaître.
De plus, cela ira dans le sens du soin particulier que nous voulons apporter à l’objet en tant que tel, et s’inscrira dans une volonté de cohérence esthétique entre le fond et la forme : du contenu qui dépote dans une belle petite revue qu’on trimbale dans sa poche et qu’on repasse à ses potes comme une fiole de remontant.
Pensez-vous organiser un jour des
lectures, des conférences
ou des rencontres avec les auteurs ?
Bien-sûr
! Ce serait super ! Nous sommes en train de réfléchir à un genre d’événement qui
serait pleinement en accord avec l’esprit de la
revue, qui sortirait du cadre de la lecture frontale, se rapprocherait plus de
la Release Party, comme on en voit beaucoup dans le milieu musical. Des
textes, des concerts, de la bouffe à prix libre et de
la bière à foison. On y
travaille, oui !
Pour finir ! Vous devez être très
fier à la publication de ce premier numéro !
Comment vous sentez-vous à le
voir trôner dans des librairies ?
On est très
fiers, c’est sûr ! Tenir la
revue en main, la voir en librairie, penser à tout
le chemin que nous avons accompli pour transformer cette simple idée en un objet physique, qui sent l’encre
et le papier ! C’est quand même
quelque chose, comme dirait ma grand-mère. Maintenant,
ce n’est que le début. Nous
sommes impatients de sortir le deuxième numéro, prévu pour la fin
de l’année. Et nous espérons que nos lecteurs ont cette hâte
eux aussi !
Tu veux ta dose de Schnaps! ?
Rendez-vous Librairie Kléber, Quai des Brûmes ou Librairie Page 50.
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