lundi 27 janvier 2014

Ma première fois

En commençant ce blog, je ne comptais pas parler de moi, je me trouve trop inintéressante pour cela, et puis, je suis trop timide … 

Pourtant, aujourd'hui, j'en ai envie. Oui, je vais vous raconter ma propre expérience, vous faire découvrir une de mes passions cachées. Poussée par le désir de combattre toutes les barrières qui me renferment, je veux me libérer à travers l'écriture, à travers votre lecture.

Aujourd'hui j'aborde un sujet très intime, mais, après tout, en commençant ce blog, je m'étais jurée de parler de tout, sans aucun interdit ni tabou.
Alors voilà, je vais vous parler de ma première fois.
Ça s'est passé avec deux hommes, aussi beaux l'un que l'autre. J'avais un peu peur, j'étais incroyablement excitée. Ça n'a finalement pas fait si mal que ça, mais j'ai tout de même un peu saigné. Heureusement, ces deux hommes, qui étaient plus âgés que moi, et qui l'avaient déjà fait plein de fois, se sont montrés très gentils, et m'ont guidé. Ses mains à lui, surtout, étaient très douces, elles me tenaient fermement.
Oui, je vais vous parler de ma première fois.
Ma première fois … chez le tatoueur !

Alors ça, c'est moi !

Depuis que je suis toute jeune, j'aime les tatouages. Déjà enfant, quand je voyais des hommes tatoués, dans la rue ou à la télé, je sentais mon cœur s'affoler. Les modifications corporelles, quelles qu'elles soient, m'ont toujours attiré.
A l'adolescence, je rêvais de me faire tatouer tout le corps, le recouvrant de serpents, de têtes de morts, de corbeaux, de pentacles et de vampires … (C'est dur à croire au vu de ces indications pourtant, je vous l'assure, adolescente, j'étais gothique)
Si j'ai changé depuis toutes ces années (Lulu en mode vieille), je gardais toujours dans le coin de la tête un motif, celui d'une plume. Une petite plume que je voulais faire sur mon avant-bras. Elle symboliserait tout l'amour que je porte à l'écriture ainsi que, d'une façon plus générale, à la littérature. 
Je suis donc allée voir deux tatoueurs strasbourgeois. Le premier à 18 ans, le deuxième à 21 ans ... Qui ont refusé de me faire ce tattoo.
(Entre temps, j'ai refais un
tour chez mon tatoueur !)
Il faut dire que je suis allée voir des tatoueurs assez connus, bien installés, qui n'ont pas besoin d'accepter les requêtes de tous les clients qui passent. Ils peuvent se permettre de choisir, en fonction de la tête du client (j'étais encore gothique à cette époque ce qui, dans le milieu « rock'n'roll », n'est pas très apprécié …) et, principalement, du motif qu'ils souhaitent dessiner. Ma petite plume en noir et gris, toute simple, toute classique, ça ne plaît pas. On préfère les gros dessins saturés de couleurs d'inspiration old school. Étant moi-même très fan de ce genre si imprégné par un rockabilly qui me tient très à cœur (mon papa était chanteur de rock'n'roll dans sa jeunesse !), je peux comprendre. Je peux toujours comprendre ...
Mais quand des tatoueurs refusent votre dessin en vous ridiculisant, en se moquant de vous devant les autres clients, décrétant que votre dessin, celui-là même qui vous tient tant à cœur, qui a une signification si importante pour vous et dont vous rêvez depuis vos 15 ans, est « banal », « nul », « sans intérêt », « moche », « de la merde », ça, je ne le comprends pas …
Après ces deux mauvaises expériences qui m'avaient vraiment bouleversé, je m'étais quelque peu résignée. Je considérais alors, avec beaucoup de recul et un grand sens critique, que les tatoueurs strasbourgeois étaient « tous des gros cons ! ». Je ne voulais plus en entendre parler.
A 23 ans, ayant eu une petite rentrée d'argent, je me suis à nouveau dit : « allez, c'est le moment ». C'est là que le parrain de mon fils m'a proposé d'aller chez un de ses amis tatoueurs.
Ça c'est fait via facebook. Je lui envoie la photo d'une plume tatouée trouvée sur Google qui me plaisait assez en lui demandant de la montrer à son fameux pote tatoueur. Pour tout vous avouer, je me suis dit « c'est un pote à Laurent, ça va encore être un mec rock'n'roll qui refusera catégoriquement de me faire ma jolie plume. » 
Et pourtant, deux jours plus tard, Laurent m'appelle : « OK, c'est bon pour la plume ! Mais il ne te fera pas celle-ci, par principe, il ne tatoue pas un dessin qui a déjà été tatoué. »
J'étais plus qu'heureuse d'entendre sa réponse. Il va de soi qu'entre un tatouage trouvé via notre meilleur ami à tous, google, et une plume dessinée par le tatoueur en personne, un motif absolument unique, je préfère la deuxième option ...
Un immense sourire sur les lèvres, j'apprends alors que je me ferai tatouer samedi à 17h … Nous étions jeudi. Et moi, quand je suis heureuse je vomis :D Non, en fait, je danse ! Alors j'ai bougé mes fesses comme une folle !

A 23 ans, enfin. A 23 ans, il était plus que temps. J'avais presque honte d'être encore vierge de tout tatouage. Je mourrais d'envie d'enfin connaître cette sensation qui me faisait tant fantasmer de l'aiguille qui pénètre dans la peau et d'entendre le bourdonnement de la machine qui tournerait pour moi.

Un tatouage en cours
Source : http://www.kijiji.ca
Samedi matin. Ça y est. Trempée d'excitation, mouillée de plaisir, je souriais bêtement toute la journée. Mes proches, et surtout mon conjoint, partageaient toute l'intensité de mes émotions et, en tant que tatoués, ils n'ont pu s'empêcher de rajouter gentiment leur petit grain de sel. Voici le florilège des délicieuses remarques que j'ai encaissé à quelques heures à peine de ma première fois chez le tatoueur :
« Il faut vraiment être sûre de toi, tu sais, tu vas le garder à vie. D'ailleurs, au moment de te faire tatouer, tu vas trop stresser parce que tu vas réaliser ce que « pour toujours » veut vraiment dire »
« Tu vas voir, ça va faire atrocement mal, c'est vraiment pas une partie de plaisir, tu risques même de t'évanouir ! »
« C'est un peu comme si on te scalpait la peau tout en te la brûlant »
« Si ça se trouve, le tatoueur va te louper et tu vas te retrouver avec un truc moche toute ta vie » (ça, c'était mon chéri)
« C'est quand même très voyant sur le bras, et puis très grand, tu es sûre de toi ? »
Mon immense joie a fait place à un bonheur bien plus mesuré et une appréhension grandissante ...  Et le pire, c'est que je n'avais rien demandé à personne ! (Merci les potes ! )

17h, Laurent est enfin venu me chercher. L'enthousiasme bouillonnait en moi, je faisais les cent pas. L'angoisse était bien là, elle aussi, mais j'essayais vainement de la cacher au fond de mes converses trouées ...
Laurent venait tout récemment de se faire un tatouage dans le cou chez le fameux « Seb » que j'allais aussi bientôt rencontrer. Un grand cœur bordé de roses embrassant le terme « Mom ».
Tatouage de mon chéri, réalisé par Seb
Avant qu'on se dirige vers le tatoueur, arrêt au stand « pharmacie » où on m'a envoyé chercher de la pommade Bepanthen. Première leçon sur le tatouage : j'allais devoir me le tartiner constamment avec la même crème que j'utilise pour les fesses irritées de mes bébés …

Après un petit tour en voiture, on arrive enfin chez le tatoueur, dans la couronne périurbaine de Strasbourg.
That's so rock'n'roll, honey ! Des plaques en métal représentant des pin-up trônaient aux murs, au-dessus de tabourets zébrés. Des canapés d'un rouge éclatant agrémentés de tissus léopard accueillaient les visiteurs. Pour couronner le tout, un poster d'une bonnasse en sous-vêtement, accroché à côté de celui d'une Harley Davidson plus que sexy, achevaient de parfaire la décoration avec brio.
Le fameux Seb se fondait parfaitement dans cette déco. On aurait pu l'accrocher au mur, il aurait été la pièce maîtresse de ce studio. Ce très bel homme affichait fièrement des bras entièrement tatoués. Des écarteurs aux oreilles, des cheveux roux gominés pour un effet parfaitement rétro, on peut dire qu'il fait son petit effet.

On me montre le dessin de la plume que j'avais déjà validé sur internet. Comme une fiancée devant l'autel, je confirme devant tous les dieux, mais surtout devant le tatoueur : « Oh oui, je le veux ! ».
On se met d'accord sur l'emplacement et sur la taille. Il appose alors le stencil sur mon bras, exactement comme je le souhaitais. Il s'agit de décalquer le motif sur la peau pour que le tatoueur puisse en suivre les grandes lignes et ainsi rendre au mieux possible le dessin souhaité.
Il faut alors attendre un peu que le dessin soit sec. Pendant ce temps, je le regarde, amusée, excitée. A deux minutes de mon premier tatouage, je ne pensais plus vraiment à rien, je me laissais bercée par la chaleur doucement ardente des émotions qui m'émoustillaient.
Le séduisant tatoueur se tourne vers moi et me dit « Ça y est, je suis prêt. » Tout était paré, tout m'attendait. Je me suis dépêchée de venir m'asseoir à ses côtés et de lui tendre tout gentiment, et tout timidement, mon bras. Il me nettoie une fois de plus la peau qu'il avait déjà désinfecté au moment de la pose du stencil.
Avec son tablier, son masque et ses gants, le tatoueur fan de moto s'était transformé en une sorte de chirurgien, de boucher ou encore de mâle dominant à tendance SM ...
Mais non, quand il s'agit de tatouage, on ne plaisante pas avec l'hygiène, tout  doit être parfait.
Le tatoueur en pleine action, ma plume prend tout doucement forme ...
Hopla, c'est parti ! Il enclenche une toute petite machine, le fameux bourdonnement se fait entendre. Il empoigne mon bras et commence à tracer les lignes principales du dessin.
Au moment même où le tatoueur approchait l'aiguille de moi, j'ai ressenti un frisson parcourir tout mon corps, chatouiller mes veines, brûler les artères de mon cœur. Enfin, j'allais savoir ce que ça fait.
Une petite partie de mon
second tatouage
Tout tatoué vous le dira, le bras, c'est ce qui fait le moins mal. Les côtes, l'intérieur des cuisses, les fesses, le cou, l'intérieur du coude sont, entre autres, des zones sensibles plutôt douloureuses. Le bras, en revanche, c'est du gâteau et je vous le confirme. Si vous avez envie de vous faire tatouer mais que vous craignez la douleur, faites-vous tatouer le bras ! Je n'ai pas eu mal. Bien au contraire, j'ai trouvé cette légère sensation agréable.
Se faire tatouer l'avant-bras, quand il s'agit de son premier tatouage, est une expérience d'autant plus intéressante car elle permet de regarder le tatoueur à l'oeuvre. J'avais l'impression de me retrouver projetée dans un épisode de Miami Ink. (Kat, ma belle Kat, où es-tu ? ) J'ai pu voir quasiment chaque ligne qu'il traçait, contempler l'avancée du dessin, admirer le changement définitif de ma peau.
Il trace, il enlève le surplus, il met un espèce de gel, il trace et ainsi de suite. Progressivement, la plume prend forme.
Les plus grandes lignes étant faites, il me laisse admirer le résultat avant de continuer. Il passe alors à la réalisation des détails et des ombres qu'il fait au feeling. Tout doucement, mon tatouage commence à vraiment prendre de la gueule ! Je ne peux pas m'empêcher d'ébaucher un sourire plus que satisfait.
De petits traits clairs tous fins viennent câliner les grandes lignes plus foncées des contours. Sous mes yeux, ma plume prend peu à peu vie. Avec d'habiles effets d'ombres et de lumières, Seb le tatoueur arrive à animer mon dessin. C'est comme si ma plume était déjà en mouvement. La goutte d'encre qui coule à son bout, c'est la cerise sur le gâteau. 

Justin Bieber fait aussi parti de la grande famille des tatoués
... Oui, je poste une photo de Justin, je suis une rebelle ...
Source : fan2.fr
« Bon bah voilà, c'est fini ». Là, j'ai dû faire preuve d'une très grande force de caractère pour ne pas verser me jeter à ses genoux en criant "Encore ! Encore !" Quoi, mais c'est déjà fini ? J'aurais aimé que ça dure des heures ! C'était si agréable, j'ai vraiment adoré, j'aurais aimé avoir les moyens de me payer un immense tatouage qui recouvrirait tout mon bras ... Ce ne sont pas les idées qui me manquent !
Laurent s'exclame que, selon les endroits où tu te fais tatouer, tu as plutôt envie que ça s'arrête au plus vite et, surtout, qu'on ne recommence plus. C'est vrai qu'en choisissant le bras, je me suis évité une joyeuse douleur. Il faut dire que ce choix d'emplacement était mûrement réfléchi et en aucun cas lié à l'appréhension de la souffrance. Après tout, chères mamans, vous me comprendrez, après avoir connu la douleur d'un accouchement sans péridurale, plus rien ne nous fait peur ! 
Quoi qu'il en soit, le tatouage fini, il nettoie la peau et l'emballe dans du cellophane. Cela permet de le protéger dans les premières heures suivant sa pose.
« Alors, ça fait quoi d'avoir l'impression d'être un bout de viande ? » me lancera mon conjoint une fois rentrée.
« Bah j'adore ça ! Et toi, dis-moi, ça te donnerait pas envie de venir me bouffer ?" Mais la suite est pour le coup vraiment trop personnelle ...

On me prodigue alors les conseils que tous les tatoués connaissent sur le bout des doigts :
Ne pas prendre de bain, ne pas s'exposer au soleil, bien se nettoyer avec un savon au ph neutre, porter des vêtements en coton, appliquer régulièrement de la crème, ne surtout pas se gratter, …
Le tatoueur ayant parfaitement rempli sa part du job, c'est maintenant à moi d'assurer pour que mon joli petit bébé reste en parfait état. Mon rôle est désormais primordial, je le prends très au sérieux, il serait trop dommage de nuire à la perfection de mon tatouage !
Bientôt, des croûtes se formeront sur mon joli dessin rougeoyant, et j'aurais très envie de me démanger. Ça, c'est la deuxième phase ...

Mon premier tatouage

Je peux enfin montrer mon tatouage à mes proches. Les compliments fusent, je suis trop heureuse.
Vous noterez la distinction entre mes potes qui me disent « Oui, c'est mignon, c'est tout petit », et ma famille qui s'exclame : « Oh la la ! Mais qu'est-ce que c'est grand ! … Mais oui, c'est superbe ! » Comme quoi, les avis sur les tatouages sont vraiment très différents en fonction du milieu d'où l'on vient et de l'ouverture d'esprit dont on est capable ou non de faire preuve.



« Le plus important, c'est qu'il te plaise », déclare mon conjoint. Oh oui, il me plaît, je l'adore ! Ce tatouage, je le trouve non seulement magnifique, mais, en plus, il signifie énormément pour moi. Il me complète. Il m'habille. Il m'embellit. En fait, c'est un peu comme si une part de ma personnalité avait surgit de mon âme pour venir directement s'imprimer sur ma peau.

Ma plume est tout en finesse, tout en féminité. Elle est belle, elle est donc tout simplement ... à mon image (Quoi, comment ça je ne suis qu'un gros thon ? Sale wackes, va !)

Plus sérieusement, j'ai enfin retrouvé le plaisir de regarder mon corps et ça, pour quelqu'un d'aussi complexée que moi, ça vaut de l'or. Enfin, j'ai à nouveau une raison d'être fière de mon apparence, je peux à nouveau me plaire ... 



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