mardi 12 février 2019

Black Sunday Fever au Molodoï

Dimanche 24 février, le Metal s'invite au Molodoï ! Ce sera la Black Sunday Fever organisée par la toute jeune association Murder by Decibels. J'ai interviewé la très sympa Christina qui m'en a dit plus sur cette soirée qui s'annonce très, très bien !




Murder by Decibels est une association née en novembre 2018 :
"Je trouvais dommage qu'il n'y ait pas plus de concerts de Metal dans une grande ville comme Strasbourg ! Alors que c'était le cas il y a 10 ans, quand j'étais encore étudiante. J'ai donc décidé de prendre les choses en main en créant cette association dans le but d'organiser des concerts de qualité qui soient 100% Metal !"
Ils sont actuellement huit membres, tous mélomanes ! Et Christina est évidemment une grande fan de metal :
"J'adore le Hard-Rock et le Metal des années 80 plus particulièrement. C’était l'âge d’or
du Metal et c’est là que sont apparus les premières groupes représentatifs des différentes branches de base dans le Metal, le Thrash Metal, le Death Metal et le Black Metal. Il n'y a que le Heavy Metal qui est apparu un peu avant tout ça."
"Les groupes comme ceux qui existaient dans les années 80 sont intéressants, originaux, débordants de talents ! On n'en retrouve plus beaucoup des comme ça !"



Si la Black Sunday Fever est le premier événement organisé par Murder by Decibels, Christina n'en est pourtant pas à son coup d'essai :
"J'avais déjà organisé un concert de Metal il y a deux ans avec l'aide d'une association de Nancy. J'avais fait jouer deux groupes des années 80, Tytan (Angleterre) et Fingernails (Italie), accompagnés des magnifiques Iron Bastards de Strasbourg et Disfuneral de Nancy. C'était super chouette ! Et j'avais eu de très bons retours des amis alsaciens qui étaient présents."
Pour leur soirée au Molodoï, l'association va également faire venir quatre groupes au top !
"On a eu la chance de collaborer avec l'agence de promotion Etrurian Legion Promotion (Italie) qui nous a proposé les deux invités internationaux pour cette date : Insulter (Trash avec des influences Black et Death, Allemagne) et Necromorbid (Black/Death Metal Italie)"
"On fera aussi jouer de très bons groupes du coin comme les strasbourgeois de Warkunt (Death Metal) et les mulhousiens de Sacrifizer (Speed Metal)"



Christina m'en dit plus sur l'organisation de la soirée :
"On ouvrira les portes à 19h. Le dernier groupe finira sa prestation vers minuit mais après on continuera à faire la fête avec de la bonne musique, c'est-à-dire beaucoup de Trash Metal ! Et le bar restera ouvert jusqu'à 2h du matin, ou plus ! Les gens vont danser et pogoter toute la soirée, c'est comme ça que ça se passe un vrai concert de Trash Metal !"
"On aura aussi le plaisir de mettre en vente des CDs du label Infernö records à des prix très attractifs ! Et il y en aura pour tous les goûts !"
Si tout se passe bien le 24 février, Christina et les autres de Murder by Decibels ont déjà plein d'autres projets :
"On aimerait bien sûr pouvoir faire d'autres belles dates et pourquoi pas amener des groupes plus connus ! On rêve d'organiser un petit festival de Metal à Strasbourg qui se produirait chaque année à la même date et qui accueillerait aussi bien d'anciens groupes que des nouveaux et des internationaux comme des locaux. Les projets, on les à en tête et ils n'attendent qu'à être réalise mais ça ne dépend pas que de nous. On a besoin de la présence et du soutien du public alsacien."
Vous êtes prévenus alors soyez au rendez-vous ! Je sens que cette soirée va être super cool, on va se déchaîner, boire de la bière et assister à de super concerts ... Moi je dis vive le Metal !


dimanche 27 janvier 2019

Le premier EP de Rise of Fenrir, du death metal mélodique !

Rise of Fenrir, groupe de death metal mélodique basé à Haguenau, vient de sortir son premier EP. Un six titres assez varié, avec des morceaux plus black ou plus rock, mais unis par une même atmosphère teintée de mythologie et une même énergie brute et puissante qui marque déjà l'identité du groupe.



J'étais vraiment très heureuse à l'idée de les interviewer. Déjà parce que ça faisait super longtemps que je ne m'étais pas intéressée à un groupe de musique et qu’en plus il faut dire que, même si le rock'n'roll et le punk resteront à jamais mes premières amours - merci à mon papa de m'avoir aussi bien éduquée musicalement -, le metal est pour moi la grande découverte de mon adolescence, qui m'a marquée de façon décisive ! D’autant que l'interview n'aurait pas pu mieux commencer : c'est autour d'une bière dans un bar cool de Strasbourg que j'ai retrouvé Jérôme, grand guitariste charismatique qui a répondu à toutes mes questions avec sourire et gentillesse !

Si Jérôme a rejoint le groupe basé à Haguenau en 2017, celui-ci existe depuis 2015. Il a été créé par Alexis, bassiste, et Alexandre, chanteur et guitariste, auxquels s'est rapidement joint le dynamique Théo à la batterie. Jérôme m'explique :

"J'avais appris qu'ils cherchaient un nouveau guitariste alors je les ai contactés pour passer une audition. Ils m'ont tout de suite pris ! J'étais très content de les rejoindre ; je trouvais qu'ils avaient un beau potentiel et je me suis tout de suite dit qu'ils pouvaient aller loin ! En plus, j'aime beaucoup le black metal, le death et tout ce qui est un peu rock'n'roll alors, musicalement, ils ne pouvaient que me plaire !"
Rise of Fenrir (image tirée de leur page Facebook)
Effectivement, Rise of Fenrir est un groupe de death mélodique auquel se greffent de nombreuses influences qu'on sent très bien dans leurs morceaux et en concert : il y a pas mal de black là-dedans mais aussi un côté rock'n'roll groovy à la Motörhead. Jérôme précise :

"On a tous des goûts musicaux assez différents dans le groupe. Le guitariste est plutôt fan de tout ce qui est à tendance thrash et heavy alors que le batteur est plus black. Pour ma part, j'apprécie énormément le death metal technique, quand ça titille les oreilles !"

Ce premier EP, ça fait pas mal de temps qu'ils y pensent et c'est pendant l'été 2018 qu'ils ont commencé à bosser dessus.

"On a enregistré l'EP chez Antoine Grasser et on est très satisfaits de son travail ! En plus, Antoine est lui-même un excellent guitariste qui joue aussi dans un groupe de metal. Et notre chanteur, Alexandre, le connaît bien."



Pour le choix des chansons, le jeune groupe s'est tourné vers leurs musiques qu'ils estimaient être les plus travaillées.

"Les musiques sont composées par Alexandre et Alexis. Ce groupe, de toute façon, c'est leur projet ; ils sont à fond dedans et c'est super !"

Le guitariste qui s'implique aussi beaucoup dans Rise of Fenrir ajoute :

"On a de l'ambition, bien sûr ; on veut faire un autre EP, très certainement réaliser notre premier clip et puis faire plein de concerts aussi ! En fait, on ne fait pas de la musique pour l'argent ou les trucs comme ça mais parce qu'on adore ça, ça nous fait kiffer !"
"On est d'ailleurs déjà en train de bosser sur le deuxième EP ; il devrait sortir en fin d'année si on avance bien, on verra. Il sera en tous cas entièrement dans la même ligne que notre premier CD."



Je dois dire que j'ai déjà hâte de pouvoir découvrir le deuxième et retrouver ces quatre beaux jeunes hommes en concert, d'autant plus que j'ai vraiment adoré leur premier EP.
Il commence tout en douceur avec un premier morceau à la guitare sèche accompagnée par le bruit de la pluie en toile de fond puis il gagne très vite en puissance et en rythme, révélant ainsi le potentiel de ce groupe encore jeune mais ne manquant assurément ni de talent ni de caractère. La basse est forte et bien utilisée, la batterie énergique et il y a de nombreux passages à la guitare que j'ai trouvés vraiment beaux, ce genre de rythmes ou de solos qui te remuent les tripes et qu'est-ce ça fait du bien ! J'ai un vrai coup de cœur pour Desolation qui m'est restée longtemps dans la tête mais j'ai aussi vachement apprécié le côté plus sauvage d'I am Attila ou la puissance calme de Winterfall. Je n'ai pas encore parlé du chant mais je ne peux en dire que du bien ; je suis assurément subjective mais que veux-tu, c'est ce que j'aime ! C'est donc un EP qui fonctionne, très clairement, avec des rythmiques basiques mais aussi des subtilités intéressantes. En tous cas, c'est énergique et efficace !
On aura d'ailleurs la chance de retrouver rapidement Rise of Fenrir en concert, à la Charrue ou à l'Elastic, mais aussi en Allemagne.

"Heureusement qu'il y a des endroits comme la Charrue ou l'Elastic pour qu'on puisse encore jouer ; ce sont ces lieux qui nous font vivre ! En plus, les patrons sont super sympas. Faut dire qu'il y a de plus en plus de locaux ou de bars qui ferment, on a du mal à trouver des endroits où jouer. D'autant qu'on ne va pas se mentir, le metal n'est pas super bien vu en France et c'est souvent dur de trouver du public ; j'ai longtemps fait partie d'une association qui organisait des concerts de metal alors je sais bien de quoi je parle ; il y a plein de groupes super, de vraies perles, qui mériteraient d'être connus mais qui n'ont pourtant pas plus de renommée que ça. Ça m'agace..."
"On est contents de jouer en Allemagne également car le public y est différent, peut-être plus ouvert. En tous cas le metal y est très apprécié."
"En tous cas, peu importe le côté du Rhin duquel on se place, on est toujours contents de pouvoir jouer et d'inviter les copains à nous rejoindre sur scène. Je pense à Drak'Maar, par exemple, mais il y a plein d'autres groupes cool que je pourrais te citer."

Et, pour terminer l'interview, Jérôme et Rise of Fenrir ouvrent leur cœur !

"On aimerait remercier tous ceux qui nous suivent depuis le début, parce que ça fait vraiment plaisir ; leur soutien, leur présence, c'est hyper important pour nous. Et un merci tout particulier au groupe No Age qui nous a aidés à trouver nos premières dates et qui nous a bien aidés à nous lancer et à prendre confiance en nous ; on les remercie d'avoir été là et de nous avoir poussés. Sinon, à bientôt aux concerts ! On va donner le meilleur de nous-mêmes !"
Rise of Fenrir est sur Facebook !

lundi 10 décembre 2018

Un petit tattoo par Justine / Toner d'amour !


Toner d'Amour
Justine / Toner d'Amour

J'aime bien regarder ma peau tatouée. Chaque motif m'embellit, m'aide à me sentir plus forte, plus sûre de moi. Chaque tatouage fait ma fierté, parce qu'ils sont magnifiques, parce que je les adore et parce qu'ils ont été réalisés par des artistes incroyables. Certaines personnes restent fidèles à leur tatoueuse ou leur tatoueur préféré(e) et je les comprends mais, pour ma part, je suis contente d'avoir des artistes tous très différents qui ont posé leurs aiguilles sur moi. La dernière en date est une magnifique personne de très grand talent dont je suis heureuse de pouvoir te parler ici ! Il s'agit de Justine, aussi connue en tant que Toner d'Amour.

Justine Toner d'Amour
Justine / Toner d'Amour



J'ai découvert Justine de Toner d'Amour, comme beaucoup d'autres artistes, grâce au hasard des réseaux sociaux et plus particulièrement aux recommandations d'Instagram. J'ai été charmée par ses dessins très fins, aux lignes épurées contemporaines. Ses tatouages nets, au style original, sont tous réalisés au handpoke, une technique qui me plaît particulièrement car même si le travail est plus long il est également plus doux. J'ai aussi tendance à trouver que c'est plus intime, même si ça peut paraître bizarre à dire ; sans le bruit de la machine, on se sent plus libre de papoter avec la tatoueuse. C'est agréable.


Je suis tombée sur l’un de ses flashs pour lequel j'ai eu un coup de cœur : impossible pour moi de le laisser passer. Dès que je l'ai vu, je lui ai écrit pour lui demander s'il était toujours disponible.


Ô joie ! Il l'était ! On a pris un premier rendez-vous pour discuter du projet, regarder où je souhaitais mon nouveau bébé tattoo, quelle taille il aurait, comment on le placerait, ... Ça m'a plu qu'elle prenne le temps de me voir une première fois pour en discuter, qu'on se découvre avant le jour J.
Elle m'a d’ailleurs très bien accueillie dans son joli appartement si bien décoré de livres, de plantes et de grandes fenêtres, plein de soleil, avec un thé excellent.
On a pris un autre rendez-vous pour le tatouage et fixé le prix après s’être mises d’accord sur l’emplacement et la taille.




Le jour J - c’était un après-midi pendant les vacances de début novembre - il faisait beau et j’étais pleine de joie en me rendant chez Justine. Elle m’a à nouveau offert un thé puis m’a montré le motif qu’elle avait retravaillé en différentes tailles pour s’assurer qu’il irait bien sur mon bras.
"C’est quelque chose que j’aime, placer le tatouage sur le corps. C’est vraiment intéressant, ça demande beaucoup de réflexion pour s’assurer que le motif rendra bien sur la peau ; c’est primordial que le dessin soit vraiment très bien placé par rapport aux autres tatouages préexistants ou aux futurs projets mais, aussi, par rapport à la forme du corps ; il faut que le tatouage l’orne bien et il est également nécessaire de penser à la façon dont il va évoluer dans le temps."
"Par exemple, là, il faut qu’il soit bien placé en fonction de ce petit creux au centre de ton bras puis il faut penser aussi au fait que le bras, ça se plie ! J’ai d’ailleurs rapproché les deux personnages sur ton dessin par rapport au motif initial, ça rendra mieux sur ton bras, sinon il y en aurait eu un qui aurait trop dépassé sur le côté et ça n’aurait pas bien rendu."
Justine est très patiente et consciencieuse, elle prend son travail à cœur et se révèle vraiment passionnée par ce qu’elle fait.
Après s’être assuré du rendu, on s’est mises au travail !
Je me suis allongée sous une grande fenêtre et Justine a commencé à me tatouer au handpoke, c’est-à-dire avec une seule aiguille, à la main ; elle a évidemment déjà essayé la machine mais sans en être satisfaite. Elle m’explique pourquoi :
"La machine va trop vite, je trouve que je n'ai pas assez de maîtrise sur elle alors qu'au handpoke c'est tout l'inverse : c'est très lent et on a un contrôle sur tout, on construit le tatouage de bout en bout. Je trouve ça très similaire à la peinture à huile d'ailleurs."
Justine a aussi à cœur de mettre à l'aise ses clients. Le tatouage lui permet de rencontrer beaucoup de monde et elle apprécie ce contact humain.
"Je vois toujours les personnes avant, comme je l'ai fait pour toi, parce que j'ai besoin de voir son corps, de faire des tests, d'arranger le dessin, ... ce que je ne peux faire que si j'ai vu la personne avant. En plus, c'est important de connaître cette dernière avant de la tatouer."
"Au moment même où je tatoue, c'est aussi important que la personne se sente à l'aise et qu'elle passe un bon moment. Le tatouage est quelque chose qu'on va garder à vie, il est alors important que tout se passe bien et qu'on prenne du temps. Par exemple, avant de tatouer, je fais toujours brûler un peu d'encens ; c'est pour le côté spirituel, un peu mystique."
Justine s'est pleinement trouvée dans le tatouage mais ce n'est pas là sa seule passion ; elle est notamment une amoureuse de musique, chantant elle-même très bien. Elle apprécie aussi énormément l'art contemporain.
"J'ai commencé à tatouer assez jeune. À seize ans, je me suis fait mon premier tatouage avec une aiguille à coudre et de l'encre de chine ; j'ai aussi tatoué des amis. À vingt ans, j'ai rejoint Leanka de Lucky Electric Tattoo ; avec d'autres jeunes tatoueuses on retrouvait Leanka tous les vendredis pour apprendre à ses côtés. On n'était pas ses apprenties, on avait juste envie de découvrir des choses."
"Il y a une période où j'ai laissé le tatouage de côté, c'était pendant mes études. J'ai fait les Beaux-Arts à Bruxelles puis un Master de recherche en Arts plastiques à Strasbourg."
"L'art contemporain est effectivement aussi une grande passion pour moi ; j'ai fait pas mal d'installations avec des peintures à l'huile ou des objets qui viennent de la nature ; j'aime les œuvres qui sont en rapport avec les émotions, les sentiments ou la mythologie. L'art contemporain compte beaucoup pour moi."
Avec naturel et bonne humeur, Justine a continué à me tatouer et à parler avec moi d'art, de concerts, de tattoo, ... J'ai passé un magnifique moment en sa compagnie. C'est une personne douce, intelligente, drôle et sensible.
Pour me rappeler ce beau moment et d'autres tendres souvenirs personnels, j'ai maintenant mon nouveau tatouage sur le bras. Un tattoo sublime dont je suis très fière.
Alors merci Justine !


mardi 9 octobre 2018

Le Body Woogie débarque à Haguenau !

Le body swing a démarré à Haguenau et a déjà conquis pas mal de fans de rock et de fitness ! C'est Anne qui organise ce cours très cool et rythmé. Cette sportive hyper fun, tatouée et dynamique va te motiver à venir te bouger les fesses en musique ! Oubli la zumba et les tenues fluo, avec Anne, le sport, c'est rock'n'roll !




Baby gim, Candice Mack et Rock the Billy


Coucou Anne ! Peux-tu te présenter pour les lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?

Je m’appelle Anne Vittoz et suis Éducatrice Sportive Spécialisée dans les Activités Gymniques, donc en gros je suis entraîneur, et non entraîneuse.
Le 1er octobre ça fera vingt ans que j’officie au sein du club de gymnastique Union à Haguenau ! J’ai aussi entraîné pendant quinze ans les jeunes pousses féminines du haut-niveau en gymnastique artistique, une section sport-études de performance exigeante.
Le haut-niveau et l’entraînement de l’élite ne payant pas dans ce sport, et pas que dans celui-ci d'ailleurs, j’ai toujours mené en parallèle des séances d’animation et de loisirs pour les baby-gym et, en plus, des cours de fitness, de renfo, de muscu et de cardio pour les adultes et les ados.
Après la naissance de mon bébé et la petite pause que j'ai prise pour m'occuper de ma famille, j'ai eu une envie de réorientation vers plus de fun et moins de stress. Du coup je me concentre dorénavant sur les activités bien-être, fitness tout en continuant de m’occuper des baby-gym.
Je commence aussi à intervenir de façon ponctuelle et régulière au sein d’entreprises dans le cadre de la prévention des Troubles Musculo-Squelettiques. Je vais par exemple intervenir sur le placement, la gestuelle et la posture à adopter ou à privilégier pour limiter les traumatismes, donner des astuces pour s’étirer et récupérer après un long cycle de travail ...
J'ai notamment intégré l'équipe de formateurs de l’école de maquillage Candice Mack, mon rôle consistera à guider les élèves dans leur appropriation et sensations corporelles afin qu’ils se préservent physiquement et durent dans leur métier qui demande parfois certaines contorsions ou pause acrobatiques de longue durée ...
Le reste du temps et le soir notamment, j’anime des séances de fitness un peu particulières ...



 Pourquoi parles-tu de séances de fitness "spéciales" ?

Eh bien ... Depuis que j'ai commencé le sport, et c'était il y a 20 ans déjà, mon gros problème, c'est la musique ! Et puis l'esprit trop hype des salles de sport privées, d'où ma préférence pour le milieu associatif ... Bref, le fitness comme on l'apprenait n'était pas assez rock'n'roll, pas assez ouvert pour moi !
Hors de questions d’utiliser la musique que je n’aime pas donc depuis le début je fais toutes les bandes-sons moi-même ce qui confère aux cours une atmosphère éclectique et électrique, plus personnelle et en même temps grand public ! Je n’arrive pas à aimer la zumba ou la bokwa, s’habiller pareil et en fluo, danser sur des rythmes latino avec des voix pleines de vocoder, c’est pas mon kif, je ne critique pas mais je ne suis pas à l’aise avec cette ambiance, ce n'est pas ma nature.
On peut très bien faire ses abdos sur les Rolling Stones et ses Fessiers sur du Gainsbourg, on peut faire du Step en écoutant Depeche Mode et s’étirer avec Twin Peaks !
La new wave, le ska, le rock’n’roll, la brit pop ... tout est question de goût et de préparation de playlists ! On peut le dire, j’ai toujours fait des cours un peu « hors du moule » et heureusement, les pratiquant.es me suivent depuis toujours dans mes délires !

Faire du sport sans se prendre la tête et avec de la musique retro


Et le Body Woogie alors, c'est quoi ?

Le Body Woogie c’est une nouvelle discipline fitness que je lance à partir de cette saison. Le but est de faire du sport de façon ludique, sans se prendre la tête et avec de la musique « vintage » ou des sons retro.
On va tout travailler : le cardio, le renforcement et la musculation, la coordination, la mémoire et l’expression corporelle sont autant d’éléments qui constitueront une heure de Body Fitness.
On apprendra bien évidemment à danser car on répétera plusieurs choré jusqu'à ce qu'on le maîtrise bien.




Comment l’idée t’est-elle venue de mélanger danse, rock’n’roll et fitness ?

Je peux dire merci les réseaux sociaux ! J’ai vu au mois de mai une publication avec une formation « Rock the Billy » qui avait lieu à Illkirch, J’y suis allée par curiosité et l’idée de mettre en place des cours spécifiques à l’esprit « old-school » m’a plu immédiatement !
Maud Wernette m’a expliqué les grands principes de ce concept et m’a formée sur les montages de chorés.
Suite à cette journée je suis devenue « Rock the Billy Instructor » ce qui ajoute une corde à mon arc de coach fitness ! J’ai adapté le contenu Rock the Billy et y ai ajouté ma touche personnelle notamment pour la planification, l’évolution ou le contenu technique des cours.
En outre, je suis depuis longtemps le travail et la carrière de Juliette Dragon, la directrice de « l’Ecole des Filles de Joie » à Paris. Cette dernière dispense des cours de danse et d’expression corporelle à des femmes de tous âges, niveaux physiques, ou origines culturelles. L’essentiel est d’apprendre à s‘aimer et laisser son corps s’exprimer sur un style de musique qu’on affectionne

Un exemple de playlist by Anne Vittoz !


Est-ce que tes cours seront réservés à des personnes qui ont l’habitude de bouger ou est-ce que tu vas t’adapter à tous les niveaux ?

Le Body Woogie est fait pour tout le monde !
Pour ce qui est des danses et chorés, chacun peut faire comme il veut, avec des impulsions ou sans saut, avec des pas de course ou de marche, des sautillés énergiques ou des déhanchés langoureux, on fait comme on veut !
Pour les parties renfo, là aussi, chacun fait comme il peut. On va travailler en rythme avec la musique mais tout le monde n’est pas obligé d’enchaîner toutes les séries. Je vais proposer des niveaux de difficultés pour les exercices. Le but n’est pas de tout faire mais de faire juste, en se plaçant de façon à ne pas traumatiser son p’tit corps mais en prenant soin de lui dans l’effort ! On oublie bien trop souvent de bien se placer, c’est une des remarques récurrentes qu’on fait aux futurs animateurs en formation, il faut absolument être vigilent et rappeler les consignes pour que tous et toutes puissent pratiquer de façon safe et sereine !

Une guitare bien grasse pour faire les abdo 



Et niveau musical, comment les cours de Body Woogie se passent-ils ? Est-ce que tu mélanges tous les styles ?

Je vais mélanger les styles à chaque fois pour plus de diversité sonore et technique.
Le rock’n’roll est beaucoup saccadé d’un point de vue rythmique, je l'utiliserai pour l’échauffement cardio par exemple alors que pour l’échauffement articulaire qui est la phase calme de mise en train je vais prendre un morceau jazzabilly lent.
Je peux aussi prendre un titre de blues pour faire des abdo avec une guitare bien grasse qui pousse à monter son buste, ses fesses ou les deux !




 Et ta passion pour le rock’n’roll, d’où te vient-elle ? 

Je crois que j’ai toujours écouté la musique la plus cool du monde : la musique indé !

J’ai une culture musicale assez large mais exigeante. Je peux très bien écouter ce que mes parents écoutaient comme Pink Floyd ou Aretha Franklin ou encore de la new-wave, du rockabilly, du metal-indus ou du garage rock ! Mais généralement ça ne dépasse pas les années 80 ou 90.
J’ai toujours suivi et soutenu comme j’ai pu les différentes asso musicales de Strasbourg ou d’ Haguenau. Sous le gymnase se trouve d’ailleurs le Molokoklub, la salle où nous organisons ponctuellement des soirées punk-rock et 80’s.
L’an passé, on a fait jouer François Hadji Lazaro dans le gymnase, c’est donc une salle baignée de Rock’n’roll !

Je vis la culture alternative quotidiennement, avec mes cheveux rouges et mes tattoos, je peux dire que je dénote parmi les profs, entraîneurs et autres éducateurs ... Ce qui m’a valu des regards en biais il y a 20 ans est maintenant une marque de différentiation et d’affirmation souvent appréciée par les pratiquant.es ... Enfin, c'est ce qu'on me dit !

Si ça t'a donné envie, rendez-vous tous les mercredis de 19h à 20h au GYMNASE UNION de Haguenau !


Pour suivre les folles aventures d'Anne, deux pages facebook :


mardi 2 octobre 2018

Fémi'Gouin Fest 2 : Un festival de film lesbiens et féministes à Strasbourg !

La Nouvelle Lune, association lesbienne et féministe, organise son deuxième FémiGouin'Fest au cinéma Star du 12 au 14 octobre. Des films, des court-métrages, des avant-premières et même une Ciné BOOM, je vous dévoile tout dans cet article !



La Nouvelle Lune, association ouverte à toute personne se définissant comme femme, organise des "rencontres conviviales, culturelles, militantes ..." Elle compte de nombreuses passionnées de cinéma en son sein et c'est tout naturellement que cette jeune association dynamique a organisé son festival de cinéma.
"Les objectifs de ce festival rejoignent les objectifs de notre association. C’est de rendre attentif le public aux discriminations dont ces deux catégories de personnes, femmes et lesbiennes, font l’objet. C’est aussi de permettre aux participant.e.s de se rencontrer entre les projections, d’échanger sur les films et sur leur propre vécu. Nous espérons attirer un public varié, non seulement des lesbiennes et des féministes mais aussi des queer et puis toutes les curieuses et les curieux."
L'an dernier, la première édition du FemiGouin'Fest avait connu un réel engouement.
"Le fameux film documentaire afro féministe d’Amandine Gay, Ouvrir la voix, a fait salle comble et a été l’occasion d’échanges passionnants entre la réalisatrice et la salle. Et puis il y a eu Battle of the sexes, le biopic qui décrivait le défi lancé dans les années 70 à la championne de tennis Billie Jean King par un ex numéro 1 mondial du tennis profondément misogyne et provocateur.
Citons encore le film historique Mädchen in Uniform de Leontine Sagan. Sorti en 1931, ce film avait eu un petit parfum de scandale pour son évocation de ce qu’on nommait le saphisme."
Au programme cette année, il y aura vendredi : Carmen y Lola, film espagnol de Arantxa Echevarria, présenté en avant-première, et Petite Amie (Barash), film israélien de Michal Vinik.
"Nous sommes vraiment contentes de pouvoir présenter ces deux films car ils nous ont beaucoup touché."
Samedi, ce sera court-métrages ! Et la soirée se terminera par une Ciné BOOM ouverte à toutes les personnes se définissant comme femme.
"Ce sera l'occasion de découvrir un ensemble riche et varié de courts métrages lesbiens, féministes et intersectionnels. Et puis juste après il y aura une soirée dansante au sein du Star, c'est une nouveauté. Les participantes pourront venir déguisées, par exemple en leur héroïne de cinéma préférée !"
"Et puis le dimanche après-midi il y aura un film historique, un must du matrimoine lesbien, Go Fish de Rose Troche, la créatrice de "The L word" et le premier épisode de Women SenseTour in Muslim Countries, tourné au Maroc par Sarah Zouak et Justine Devillaine.

"Avec le Women SenseTour in Muslim Countries, et les courts métrages de Jo Güstin et Marina Berthely, l’intersectionnalité reste un axe important dans nos choix de films."
En plus des projections, il y aura des débats organisés samedi avec certaines des réalisatrices des court-métrages et dimanche avec Sarah Zouak et Justine Devillaine, de Women SenseTour.



Pour terminer l'interview, j'ai demandé à La Nouvelle Lune de me citer quelques films qui les ont particulièrement marqué dans leur vie, les voici :


Bound (1996) des Wachowski

When night is falling (1996) de Patrica Rozema

Pariah (2011) de Dee Rees

Summer (2015) de Alanté Kavaité

Gazon maudit (1995) de Josiane Balasko

Pourquoi pas moi (1998) de Stéphane Giusti

Embrasse moi ! (2017) de Océan et Cyprien Vial



On pourra aussi retrouver La Nouvelle Lune lors de la journée internationale de lutte contre les violentes faites aux femmes le 25 novembre, avec le neuvième colloque annuel qui se tiendra le 22 novembre. L'association participera aussi à la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes du 8 mars prochain. Elles organiseront aussi une soirée dansante prochainement, je t'en informerai évidemment !




mercredi 22 août 2018

DOOL Fiction. L'incroyable univers de Diane Ottawa et d'Olivier Lelong.

Olivier Lelong et Diane Ottawa forment DOOL Fiction, un duo d'artistes qui manie photographie, illustration et plasturgie avec une passion exaltante et une richesse inouïe. Leurs œuvres, sombres et même effrayantes, interrogent, interpellent et fascinent. Ils abordent la sexualité, les corps, la peur et les fantasmes en créant leur propre langage, éloigné des tabous occidentaux habituels.

C'est un immense honneur pour moi d'avoir eu la chance d'interviewer ces deux artistes que j'admire énormément. Je les avais approché pour la toute première fois dans le cadre de mon article sur l'érotisme qui avait été publié sur mon blog version Rue89Strasbourg, Rock This Town, où ils figuraient aux côtés d'autres grands artistes. 

Je leur donne ici plus longuement la parole dans une interview intime et intense.

DOOL Fiction
Olivier Lelong et Diane Ottawa
Dans certaines de vos œuvres on trouve une forme d’érotisme extrême, avec des corps en sang, souffrants, ... Tout d’abord, considérez-vous vos œuvres comme des œuvres érotiques ? Et puis, qu’est-ce qui vous intéresse dans la création d’univers si sombres et inquiétants ? 
Savoir si nos œuvres sont érotiques est une question plus complexe qu’il n’y paraît. Si utiliser le corps et le nu comme matériau dans notre art suffit à définir nos œuvres comme érotiques, alors oui elles le sont. 
Il est vrai aussi que nous sommes de plus en plus sollicités dès qu’il s’agit de participer à des expositions sur l’érotisme. 
Mais parfois nous ne sommes pas toujours compris, nos images ne produisent pas forcément l’excitation sexuelle attendue par le (grand) public ou les amateurs d’art érotique, mais nous travaillons de façon consciente sur cette frustration.  
Ce modus operandi est finalement assez cohérent dans notre sensibilité artistique. Dans un érotisme « convenu », il y a la promesse éclatante du corps idéal, attractif, retouché, joyeux, lumineux, presque publicitaire ; avec nos images, le regard se heurte à toutes sortes de désillusions. 
L’art contemporain a tendance à vouloir déconstruire les mythes, il est important pour nous de faire jaillir dans certaines strates de nos créations, le pessimisme, le drame, la noirceur de l’humanité. 
Ce sont des oxymores, à l’image des corps idéalisés répond le génocide, nous exerçons peut-être inconsciemment une sorte de devoir de mémoire. 
"Opuscule d'or". DOOL Fiction.
Diane Ottawa et Olivier Lelong.


Il y a beaucoup de références au BDSM dans vos oeuvres, qu'est-ce qui vous attire dans cette grande diversité de pratiques ?
En ce qui concerne le BDSM, c’est d’abord un ingrédient de notre sexualité qui est une affaire privée, ensuite vient un questionnement sur sa représentation dans notre travail que nous espérons rendre la moins attendue possible.  
Il y a quelques années, les représentations du BDSM étaient considérées comme « underground » ; aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas si on considère sa forme vulgarisée dans le commerce et le spectacle. Que ce soit le BDSM à l’américaine ou le Kinbaku, sa diffusion de plus en plus large, transforme sa philosophie en un produit de consommation qui tombe progressivement dans le mainstream.  
Il y a peut-être des points positifs à cela, lutter contre l’usure et l’ennui qui s’installent dans les vieux couples, peut-être aussi développer des axes de la libération sexuelle et démonter certains tabous. Mais jouer les sexologues n’est pas notre rôle, en tant qu’artistes nous préférons en donner une version moins directe, sublimée.  
Ce qui se joue entre nous en termes de philosophie de domination, vient d’abord de notre relation initiale de maître à élève (ici dans le sens élevé). C’est une mise en pratique d’un concept initial de la table d’émeraude, « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », la soumise n’est pas sujette à des formes de dégradations, au contraire elle est à l’image de son maître et le maître à l’image de sa soumise, ils peuvent ainsi s’élever mutuellement.  
Dans notre pratique de vie et d’art, l’idée est aussi de transformer la douleur qu’elle soit physique ou psychique, de lui donner une consistance formelle.  
C’est dans cette signature peut-être « sombre et inquiétante » que Diane et moi nous nous sommes trouvés, nos sensibilités (voire ultra-sensibilités) sont identiques, avec une vision assez ying-yang, pas d’ombre sans lumière et l’inverse. Nous essayons d’être conscients de cela, dans les choix de nos sujets ainsi que dans de nos choix de mediums, le dessin, la photo… il faut noircir des surfaces, par des pigments, par nos mains ou par la technologie, pour modeler la lumière et lui donner une forme et un sens.  
Après il nous faut bien reconnaître que notre sensibilité nous amène à trouver du beau là où d’autres trouvent de l’horreur et qu’il est difficile de savoir vraiment pourquoi nous avons ces préférences. 
"Face cachée de la lune". DOOL Fiction.
Olivier Lelong et Diane Ottawa.


La culture et l’art japonais inspirent beaucoup de vos œuvres, notamment avec le shibari, d’où vient votre intérêt envers cette culture très riche et cet érotisme assez différent de celui « occidental » ? Y a-t-il des artistes japonais qui vous séduisent particulièrement ? 
En dehors des mangas qui ont une influence générale dans l’inconscient collectif, c’est une culture du Japon peut-être plus pointue qui nous a rapprochés progressivement lorsque nous étions encore dans un rapport d’étudiante à professeur.  
Avant de suivre mes cours en réalisation 3D à la MJM de Strasbourg, Diane a été en licence en Langue, Littérature et Culture Japonaise (LLCE) à l’Université de Strasbourg. Quant à moi je m’intéresse à la culture underground japonaise depuis la découverte du Butoh, de la musique expérimentale et de l’eroguro depuis la fin des années 80 et j’ai commencé à m’inspirer d’images de shibari dans mon travail depuis 2004.  
En 2015 nous avons, sans nous être concertés tous les deux, travaillé au même moment sur l’œuvre de Hokusai, « Le Rêve de la femme du pêcheur ». Après cette troublante coïncidence, nous avons commencé à échanger sur nos affinités envers la culture japonaise, à travers le shunga, l’ukiyo-e, le cinéma, les mangas et l’eroguro.  
Ce qui nous fascine entre autres, c’est le fossé qu’il y a entre la culture occidentale et celle du Japon. Les relations aux tabous et la perception du bien du mal sont très différentes. Cela donne une liberté d’expression a priori plus débridée et nous permet de requestionner notre créativité et nos repères.  
Quant au shibari, c’est quelque chose que nous pratiquons dans nos jeux, ensuite cela peut se transformer en mise en scène. Les cordes sont des accessoires qui ont une esthétique qui nous parle, qui nous donne la possibilité de fragmenter, de contraindre, de restructurer les axes naturels du corps.  
Lister des artistes japonais qui nous séduisent, la liste risque d’être très très longue. De manière un peu pêle-mêle, les classiques Yoshitoshi, Hokusai, les contemporains, Shintaro Miyake, Hisashi Tenmouya, Oscar Olwa, Atsushi Fukui, Tomoko Konoike. 
Des musiciens, Keiji Heino, Otomo Yoshihide, Tenko, Yoshida Tatsuya, Yamatsuka Eye, Masami Akita, Hoppy Kamiyama, Sachiko M. 
Des auteurs littéraires et graphiques, Mishima, Shuji Terayama, Edogawa Rampo, Suehiro Maruo, Ushio Saeki, Takato Yamamoto, Shintaro Kago, Yuji Moriguchi, Kiyoaki Kanai, Atsushi Sakai, Junji Ito, Akinoh Kondo, Yoshitomo Nara, Wakamtsu Kôji, Ryu Murakami, Chiho Aoshima, Junko Mizuno, Hideo Nakata, Daikichi Amano, Nobuyoshi Araki, Kiyotaka Tsurisaki, Ken-Ichi Murata, Makoto Aïda, dans le buto évidemment Hijikata Tatsumi, Kazuo Ohno, Ushio Amagatsu, Carlotta Ikeda, Uno Man, Akaji Maro, etc … On en oublie plein.  
Il nous faut noter que certains de ces auteurs ont également été influencés par des auteurs et artistes européens de l’expressionnisme allemand, comme Fritz Lang, Robert Wiene, Valerska Gert, Kurt Joos … en passant par le surréalisme et l’érotisme français, Georges Bataille, André Breton et Antonin Artaud et en poussant un peu dans l’histoire des inspirations expressionnistes on revient en Alsace avec l’incontournable Grünewald. 

"Titiller le cadavre". DOOL Fiction.
Diane Ottawa et Olivier Lelong.


Vous réalisez des œuvres également plus intimistes, où vous vous mettez en scène, par les dessins ou les photos d’écolière par exemple, dans ces « fictions d’artiste », réfléchissez-vous aux sphères public/privé et à l’exhibitionnisme/voyeurisme ou est-ce quelque chose qui ne vous concerne pas ? 


C’est difficile de ne pas se préoccuper des liens entre le public et le privé dans une activité artistique, d’exhibitionnisme quand notre couple devient une source de créativité et de voyeurisme quand on fait de la photographie.  
Nous essayons de mettre à profit nos complémentarités et pluridisciplinarités professionnelles (dessin, motion design, 3D, photographie, sculptures, …), en créant un monde à notre image où nous pouvons projeter nos drames psychologiques, scénariser notre relation de manière codée ou emphatique.  
En amont, nous avons une approche inspirée des « process » alchimiques, certaines de nos fictions sont dénommées opuscules (petites œuvres vs grandes œuvres) où la materia prima (ou motte obscure, chaos originel) provient de nos ressentis, de ce qui nous traverse, ce qui nous construit, de nos différences de sexe, de nos différences d’âge (plus de vingt ans). 
Finalement dans nos séries d’œuvres nous essayons de construire notre mythologie et ce n’est pas un problème de conserver des limites troubles sur les limites de la réalité et la fiction.  
Par exemple, dans la série du loup et de l’écolière dessinée par Diane, le studium (terme « barthien », c’est à dire ce que nous tentons de mettre consciemment dans nos projets) est composé de nos rapports de maître à soumise et historiquement de professeur à élève. Mais il y a les histoires dans les histoires, vraies ou fausses.  
Il s’agit donc d’un meurtre, symbolique, tendre, violent où je suis représenté en loup meurtrier et Diane en écolière victimisée, où les perforations de la lame de mon couteau dans son corps sont un meurtre symbolique. Je t’aime, je te tue, mais je te transforme et en te transformant sous les coups de ma lame tu deviens ma création, celle qui va me survivre en tant qu’œuvre d’art. 
Toute information opère par une forme de pénétration dans un corps pour le transformer.  
On pense souvent à Hijikata Tatsumi et son élève Yoko Ashikawa, qui incarnait dans sa chair les paradigmes de son maître.  
Tout cela peut paraître un peu grandiloquent, mais on a un peu de mal à être légers avec nos terrains dépressifs et suicidaires. 
"Policia Local". DOOL Fiction.


Masques, seins en « armure », peintures, par vos œuvres très réfléchies et scénographiées, vous semblez effacer l’humain ou vouloir transformer les corps entre poupées et monstres. Êtes-vous également intéressés par une réflexion sur les corps ? Pourquoi montrer ainsi des scènes qui sortent en tout point de l’ordinaire ? Il n’y a qu’un dessin que j’ai vu sur Instagram qui s’inscrit dans un « moment quotidien », c’est celui avec une femme de dos assise dans une baignoire. 

C’est une position importante pour nous et surtout pour moi dans la photographie. Utiliser le corps ou l’humain et le transformer est assez naturel quand celui-ci devient un élément d’une narration. C’est aussi une manière de souligner l’utilisation à contre-emploi de l’appareil photo et de sa pseudo réalité documentaire. La théâtralité, les arts plastiques sont des additifs aux corps des modèles que nous sommes et avec lesquels nous travaillons ; dans ce cadre, les monstres font leur apparition de manière naturelle.  
Un monstre c’est un être qui combine deux formes d’existences antagonistes, par exemple une sirène qui est une moitié de femme et de poisson. Un personnage de fiction peut être considéré comme un monstre, à demi ce qu’il était et à demi cet « autre » qu’il est devenu par le truchement d’accessoires, il est ainsi prêt à jouer son rôle, à incarner.  
Nous essayons d’avoir une réflexion sur le corps, la plus profonde et la plus personnelle possible. En ce qui me concerne, le parcours initiatique a été long, danse (une mère professeur de danse), un peu d’arts martiaux, beaucoup de yoga, l’apprentissage de l’anatomie et l’illustration médicale à la HEAR et la Faculté de Médecine de Strasbourg, un projet d’étudiant développé pendant des années à l’IRCAD/EITS (European Institute of TeleSurgery) qui a débouché sur une des plus importantes encyclopédies médico-chirurgicale interactive mondiale, websurg.com.  
J’ai également suivi pendant une période des artistes burlesques dans différents cabarets, notamment l’équipe de Cabaret Bizarre et du Cabaret Rouge (qui a malheureusement arrêté ses activités), où les corps des performers produisent toutes sortes d’auto-mutilation.  
La liste de tout ce que j’ai pu observer comme transformation du corps de mes modèles en tant que photographe et vidéaste serait un peu longue à décrire.  
Quant à Diane, après son BAC S et avant de se lancer dans ses études LLCE, elle a fait un an d’études en biologie et voulait orienter ses études vers la médecine légiste ou l’éthologie (étude du comportement animalier) ; du fait de cet intérêt elle reste encore aujourd’hui dans la militance pour la cause animale et s’intéresse aux théories antispécistes. 
Dans son cursus finalement c’est l’influence des mangas, films d’horreur japonais et des jeux vidéos qui l’ont poussé à étudier cette langue et rejoindre finalement la section de 3D et jeux vidéo où a commencé notre histoire.  
Mais pour revenir à ce qui se passe dans DOOL, le corps pourrait approximativement s’apparenter aux corps présents dans les tragédies grecques, traversés par des flux divins ou émotionnels, le corps perd son identité initiale pour en trouver d’autres. Corps de l’amant, corps défunt, corps-signe, corps-machine, corps-sémantique, corps-animal, corps-rhizome et peut-être même corps-quantique, puisque il est possible que nos atomes voyagent de corps en corps dans l’espace et le temps. 
Ce qui expliquerait le côté crochu de certains atomes et des nôtres en particulier.  
Il est possible que de vouloir évacuer l’ordinaire dans nos créations provienne d’une certaine forme de pudeur ou de schizophrénie. Nous vivons assez la réalité et voulons laisser à notre public le soin de vivre la sienne, nous n’avons pas de vérité ni même vraiment de message à transmettre. De ce constat, notre travail consiste à matérialiser, par nos pratiques artistiques, notre sensibilité et notre singularité, ce que nous ne pouvons pas voir, ne pas vivre.  
Pour Francis Bacon, il fallait que ses œuvres soient le plus artificielles possible, encore une fois nous ne sommes ni dans l’image documentaire ni dans le photo-reportage.  
Pour le dos dans la baignoire, nous étions effectivement à la fin d’une séance photo assez compliquée. Dans ce contexte, il nous est revenu le travail de Bonnard et ses séries sur les baignoires.  
Diane s’est emparée de cette idée pour en faire un dessin en hommage au regard de l’artiste sur sa muse pendant ce moment de douceur et d’intimité. 

De maître à soumise. DOOL Fiction.
Diane Ottawa et Olivier Lelong.
 Pour suivre ces artistes, rendez-vous sur :
-l'Insta de DOOL Fiction
-l'Insta de Diane Ottawa
-l'Insta d'Olivier Lelong


"Titiller le cadavre". DOOL Fiction. Olivier Lelong et Diane Ottawa.


lundi 6 août 2018

Esile Tattoo : Interview d'une pétillante tatoueuse strasbourgeoise !

Poudlard, Kiki la petite sorcière ou Mario, renards, fleurs ou sirènes, l'univers d'Esile Tattoo est très riche et c'est très certainement ce qui m'a séduit chez elle, en plus de son style poétique et délicat. Jeune tatoueuse débordante de bonne humeur, elle a rapidement progressé et fait preuve d'un grand talent. Elle officie aujourd'hui à Strasbourg (Cévelyne Tattoo et Papier Organique) et c'est avec beaucoup de joie que je te propose d'en apprendre plus sur elle ! 


Portrait d'Esile. Document remis.

Pour commencer, peux-tu te présenter ?

Mon nom est Elise Thomas, j'ai 24 ans. Voilà un an et neuf mois que je grave sur la peau des gens en me faisant appeler Esile et en faisant comprendre subtilement que je suis une sorcière des forêts à demi renard !

Quand et comment l’idée de devenir tatoueuse t’est-elle venue ?

Illustration. Esile. Doc. remis.
L'idée m'a parcouru l'esprit lorsque je me suis fait tatouer pour la toute première fois, à 19 ans. Je me suis rendue compte à ce moment-là que ce travail colle parfaitement avec ma philosophie du dessin.
J'ai toujours dessiné, plus pour les autres que pour moi-même, pour les faire rire, pleurer, ou ne serait-ce que pour les faire sourire ! Je me suis dit que le tatouage me permettrait de pouvoir "guérir" les gens, les aider, les émerveiller d'une toute nouvelle façon, en allant plus loin que l'illustration. D'ailleurs c'est pour ça que je suis extrêmement heureuse quand on me propose des covers ou de couvrir une cicatrice, si c'est dans mes capacités.
Mais bref, il y a cinq ans j'ai regardé mes dessins et je me suis dit : "Non, clairement, tu n'as pas le niveau pour être tatoueuse." J'ai donc laissé tombé, pensant à cette époque que je ne progresserais jamais assez ...
Cependant, il y a un peu plus de deux ans, des personnes ont commencé à me demander de leur faire des designs pour leurs projets, à me dire que certains de mes dessins feraient de beaux tatouages et même à me demander si je ne voulais tout simplement pas devenir tatoueuse !
Du coup l'idée est réapparue dans mon esprit grâce à ces personnes qui me suivent et me soutiennent, c'est pour eux que je tatoue ! 


Est-ce que tu as pris des cours de dessin ou fait des études dans le domaine de l'art ?

Non, j'ai tenté pendant deux ans de faire une formation à domicile en design graphique avec option BD et web design, mais je n'ai pas pu la finir. Sinon je n'ai jamais fait d'école spécifique ni pris de cours particulier, j'ai progressé en autodidacte.

Tatouage par Esile. Doc. remis.


Comment es-tu devenue tatoueuse ? 
J'ai d'abord réalisé un book que j'ai peaufiné grâce aux premières appréciations de David de Baron Samedi qui m'avait encouragé dans ma démarche, puis grâce aux remarques qui m'ont été faites dans les shops où je suis passée pour trouver un apprentissage.
J'ai ensuite travaillé chez " La Fabrik Anatomic " à Haguenau. Je suis arrivée chez eux un peu par hasard et j'ai reçu un accueil des plus chaleureux comme je n'en avais encore jamais vu dans les autres shops que j'avais visité à cette époque! Ils m'ont accepté en stage pendant deux semaines si je me souviens bien.
Ils m'ont montré et appris beaucoup de choses puis à la fin de ce stage ils m'ont pris en apprentissage dans une émulsion de joie et de larmes de ma part ! Comme tout tatoueur, j'ai passé ma formation à l'hygiène et j'ai continué à progresser grâce à eux.
Ce qui était formidable là-bas, c'est qu'il y avait de tout comme clientèle, ce qui est très formateur. Et puis il y a eu aussi beaucoup de guests qui sont passés, donc beaucoup de tatoueurs très différents grâce à qui j'ai pu apprendre beaucoup de choses ! Malsapper, Gab, Falukorv, Dino nevroz, Seb, Lulu la divine, ... Quelle meilleure école que de pouvoir voir et apprendre d'autant d'artistes différents !
Ça n'a pas toujours été simple et joyeux mais, vraiment, c'est une expérience formidable que je n'échangerais pour rien au monde. 

Tattoo par Esile. Doc. remis.

Est-ce que tu as déjà fait des guests, des conventions ?

Lorsque j'ai quitté la Fabrik, j'ai dû trouver des guests en urgence pour pouvoir continuer à payer mon loyer. Je suis allée chez Artemiss Tattoo, Baron samedi, Derma Morphose et Cevelyne tattoo ! Toutes ces expériences ont été géniales ! Mais pour le moment je n'ai pas d'autres guests de prévu.
On avait parlé très rapidement d'un guest à Paris chez une amie, Azura Zu, mais je n'ai pas encore assez de clientèle pour que ça amortisse mes coûts, ça viendra en temps voulu. Il en va de même pour les conventions, j'aurais peur de perdre de l'argent alors que je ne peux pas me le permettre. Je ne suis encore qu'une bébé tatoueuse !

Quels sont les thèmes ou les univers qui t’inspirent ?

Les thèmes de la sorcellerie et de la nature me touchent beaucoup, énormément même ! Il faut dire que ma mère est une sorcière aussi ! Hahaha !
En influence directe, il y à "The end" de Barbara Canepa et Anna Merli qui est ma BD préférée ! Mais je peux citer aussi les BD "Billy Brouillard" de Guillaume Bianco. Et pour fini l'Animation de Ghibli. Pas les dessins en eux mêmes, bien que les compos soient à tomber, mais vraiment l'animation. Tu sais, dans "Princesse Mononoke" ce sanglier maudit avec tous ces "vers" croissant sur lui et grouillant dans tout les sens ...  Ou cette façon dont la nature se développe dans "Totoro"! Les transformations de personnages dans "Le château ambulant". Le Mouvement ! 

Comment qualifierais-tu ton style ?

Eh bien déjà, on ressent pas mal mes influences dites "manga", avec beaucoup de rondeurs et de courbes. C'est vrai que je n'aime pas les angles droits ! Je pense qu'il y a beaucoup de douceur dans mes dessins et en même temps un côté plus sombre que je n'exploite pas encore assez. On pourrait parler de "gloquinou" pour décrire mon style. Quelqu'un avait une fois utilisé cette expression et ça m'avait bien plu !
  Est-ce que ça aide qu’il y ait à Strasbourg plein de jeunes tatoueurs et tatoueuses dynamiques comme toi lorsqu’on se lance ?
On ne va pas se cacher que ça aide de pouvoir côtoyer des jeunes qui débutent dans le métier. Ils ont souvent une autre manière de penser le tatouage que nos maîtres que je trouve très intéressante. 
C'est une vraie source intarissable d'inspiration, d'entraide et de possibilité d'observation qui sont des choses très importantes dans ce domaine si tu veux continuer à grandir et progresser ! 

Quelles sont tes passions à côté du tattoo ? 

Ça va paraître idiot mais l'art en général est ma passion ! Je peint sur figurine, sur toile ou en aquarelle sur papier.
J’écris également. La plupart du temps ce sont des morceaux d'idées pour des BD qui ne verront probablement jamais le jour ! Je chante, je danse, uniquement pour moi mais avec une réelle intensité.
Je lis beaucoup de BDs, ce qui est une vieille passion ancrée dans mon être ! Je sculpte à nouveau depuis peu, comme vous pouvez le voir sur " Esile la chaumière ". Je regarde et analyse les films que je vois en voulant par la suite filmer des courts métrages !
Je m'intéresse à la photo et j'aimerais bien économiser pour avoir un appareil et m'y mettre !
Enfin bref, je crois que je suis passionnée par beaucoup trop de choses !
Néanmoins ma plus grande passion reste mon chat, Nirko ! 

Pour suivre Esile sur Insta : "esile.tattoo" et "esile_lachaumiere" !