vendredi 21 octobre 2016

J'ai interviewé Freaky BabyDoll !

Freaky BabyDoll, comment la décrire ? Un être étrange et extraordinaire, un personnage effrayant, fascinant, errant dans l'imaginaire, des cauchemars glaçants.

Une grande artiste avant tout, une performeuse magique dont l'univers est si riche, incroyable. Elle repousse sans cesse les limites, jouant avec le feu ou les cordes du shibari.
Une passionnée de la scène qui nous permet d'en apprendre un peu plus sur son art, et son parcours.




Freaky BabyDoll
Photo par Yannick Bossez

Comment as-tu découvert le burlesque ?

J'ai découvert le burlesque en 2011 et je me suis initiée à l'effeuillage par le biais de Luna Moka, elle commençait tout juste à organiser ses cours sur Strasbourg.
Certaines choses me plaisaient et m'attiraient dans l'esthétique des années 20, 30 … Le côté noir, "blessé" et endolori des années d'après guerre, mais associé aussi à une grande force libératrice.
En revanche, toute cette vague Pin Up post 50's ne m'a jamais influencé plus que ça …

Depuis quand participes-tu à des shows burlesques ?

Pour être honnête, je n'ai pas été une élève très assidue aux cours d'effeuillage et j'ai très vite sauté le pas de la scène pour participer à une scène ouverte sur Paris à L'Ecole des filles de joies (Juliette Dragon). L'envie de remonter sur scène ne m'a jamais quitté depuis ce jour.
Parallèlement à cela, j'ai fait six ans de gymnastique plus jeune, et je pratique actuellement la danse orientale, que j'ai commencé il y a cinq ans.


Qui est "Freaky BabyDoll" et comment ce personnage est-il né ?
Considères-tu Freaky BabyDoll comme un personnage, une extension de toi ? Ou bien est-ce toi tout simplement ?
Tu as la possibilité d'incarner plein de personnages différents, n'y a-t-il qu'une Freaky BabyDoll ?

Freaky BabyDoll est née la veille de ma première scène … Eh oui ! Il fallait bien trouver un nom ;)
Freaky BabyDoll fait entièrement partie de moi, je ne pense pas être quelqu'un de complètement différent sur scène.
C'est un exutoire, une manière de fuir aussi …Freaky BabyDoll me donne la possibilité de faire tout ce que je veux … avec des limites plus lointaines !
En bref …Freaky Babydoll est un très bon alibi ! 
Et pour ce qui est de savoir s'il y a une Freaky BabyDoll ou plusieurs, je dirais que  ... Oui et non ... Il y a une Freaky BabyDoll … Mais finalement, même en temps qu'individus, ne sommes-nous réellement "qu'une" seule chose à la fois ? Je ne pense pas ...
C'est ce qui fait la richesse des uns et des autres, d'être plein de surprises, non ?
Idem pour la scène, je suis mes envies, mes inspirations … Je ne m'impose rien d'un point de vue créatif, c'est certainement ce qui donne une diversité à mes personnages.

Freaky BabyDoll
Play piercing par Raphaël Mouillé
Photo par Alain Marti


As-tu des sources d'inspiration ? Des films, des tableaux, ou les freak shows de l'époque ?

J'ai toujours aimé le beau dans l'étrange ; la mélancolie, le grotesque, le dérangeant …
J'aime les choses fortes en émotions.
Mais pour les grandes lignes je dirais qu'au début, j'ai été pas mal influencée par le cinéma de genre ; je traînais beaucoup dans les festivals et me nourrissais beaucoup de cette culture-là.
Argento, Polanski ou le plus récent Rob Zombie sont pour moi de grandes sources d'inspiration.
Deuxièmement je dirais, mon intérêt pour les Side Show d'époque et autres curiosités … On rejoins d'ailleurs Rob Zombie pour le coup !
Monstres de Foire, unijambistes, siamoises, femmes à barbes et autres bizarreries …
Grand nombre d'artistes nous influencent, je pense notamment au photographe Joël Peter Witkin que j'ai découvert assez jeune ; ça m'a bouleversé. Je pense qu'indirectement, il a du y semer une graine !

Freaky BabyDoll
Photo : Alain Marti

Quelles sont tes différentes performances ?

Actuellement, je tourne avec environ quatre actes différents.
Bien que ma manière de travailler a quelque peu changé … J'ai eu la chance de performer sur quelques scènes électro, je propose des sessions plus longues, des improvisations autour de mes personnages, et j'adore ça !
Certains ont d'ailleurs été créés uniquement pour évoluer de cette manière-là.
Mais même pour les performances libres, ça ne représente pas moins de travail ; j'ai besoin de temps pour créer, de me mettre dans une bulle, d'être dans le son, prendre des notes, faire des croquis, des essais make-up…
Et une fois tout ça à peu prêt en place, je peux m'atteler au travail corporel ! Danse, gestuelle, expressions, etc …


Quelles sont les scènes sur lesquelles tu as adoré te produire ?
J'ai adoré performer au festival Château Perché en Auvergne, festival électro et culturel assez récent dont l'idée est de venir installer les floors autour d'un château. C'est magique ! Un cadre juste sublime avec un public curieux et très respectueux !
J'aime performer dans des lieux où on ne m'attend pas forcément … Le cabaret c'est chouette, mais l'effet de surprise et le regard des gens est complètement différent sur les scènes plus alternatives.
D'ailleurs, le terme "burlesque" n'est plus un style dans lequel je me reconnais, je ne pense plus vraiment y avoir ma place …

Comment réagit le public lors de tes shows ? Viennent-ils souvent te parler après ?

Les gens sont en général assez silencieux et captivés quand je suis sur scène ; ils sont plutôt élogieux après mes perfs … Du moins s'ils arrivent à me reconnaître en after !
Il y a très certainement des gens à qui ça ne plait pas, mais c'est plutôt rare qu'ils se manifestent après le show.


Que ressens-tu quand tu es sur scène, qu'est-ce qui te plaît dans le fait de te produire ? Pourrais-tu vivre sans cette adrénaline, ce besoin de créer ?

Je ne pourrais pas me passer de scène, du moins par pour le moment …
C'est très difficile d'en sortir une fois qu'on y a goûté, ça ne rend pas toujours heureux, on en veut toujours plus, on repousse les limites, mais c'est indispensable pour l'instant.
Un bon shoot d'adrénaline!
Oublier tout le reste, être dans l'instant présent … Ce qui, au quotidien, est très difficile pour moi…
Tout ça rejoint un peu le play-piercing, le shibari, etc … Ce sont les mêmes recherches.
Des moments précieux où je suis dans le moment présent, dans une bulle hermétique où je suis maître de mon corps, où je choisis ce que mon corps va endurer, rien n'est imposé.
Je décide.

Ces expériences m'enrichissent beaucoup, j'aime ces moments partagés et la relation à l'autre dans ces instants là.
L'étape rêvée serait de joindre la scène à tout ça …

Pourquoi avoir choisi de t'orienter vers ce côté freak, dérangeant, souvent effrayant, est-ce que c'est quelque chose qui t'a toujours plu ?

Je dirais plus que cette voie m'a choisit ! Je me mentirais si je faisais autre chose … Je suis comme ça depuis mon enfance, captivée par le bizarre, l'étrange, etc…
Et non, je n'aime pas trop les licornes, la guimauve, et les princesses…!

Freaky BabyDoll
Shibari par Rita Line et photo : Michel D'Aguanno
Peux-tu me parler de ton rapport à la nudité, en tant que performeuse burlesque et que modèle ? A-t-il été difficile pour toi de te dévêtir devant un public, ou un photographe, ou cela était-il naturel ?

J'étais assez pudique et complexée à mes débuts … La scène m'a désinhibée ! 
Je suis plutôt timide dans la vie de tous les jours, mais concernant mon corps, avec le temps, je crois que j'ai vraiment réussi à le"désexualiser".
Ça facilite les choses pour les shootings, la vidéo et toutes les occasions où je suis dénudée mais hors contexte scène.
Une fois qu'on réussi à lâcher prise sur ce sujet, on est capable de beaucoup de choses sans problèmes.
Mon but n'est pas de choquer avec la nudité … mais je suis outrée que ma nudité choque …
Très récemment, j'ai eu un retour après une de mes performances qui m'a beaucoup touché… On m'a dit qu'on oubliait complètement que j'étais nue, que ça passait en second plan.

Comment penses-tu évoluer, quels rêves aimerais-tu accomplir ?

Dans les années à venir, je fantasme de trouver un binôme pour pouvoir mêler cordes, aiguilles, et tout le reste à mon univers.
Et puis de créer à deux … Je pense que ça peut être une très belle expérience de partage. 
J'ai envie de vivre ça et de vous faire partager ça au delà des photos !
Je compte aussi continuer à travailler avec la talentueuse Maryse Freund, qui est ma costumière depuis mes débuts ! 
Une prochaine date à annoncer ?

Oui, je serai à l'open night Le bal de feu à Motoco, à Mulhouse, le 19 novembre.

Retrouvez Freaky Baby Doll sur sa page Facebook !

Freaky BabyDoll
Photo : Yannick Bossez


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