samedi 21 janvier 2017

Le tatoueur Yannonyme en guest chez l'Aiguilleuse Tattoo !

La talentueuse Caca Hontas, L'Aiguilleuse Tattoo, a décidé de faire de 2017 une année pleine de guests pour son shop, l'Atelier Pic-Pic, situé à Strasbourg. 

C'est notamment le cas du tatoueur belge Yannonyme qui posera ses valises en Alsace du 21 au 25 mars. A peine quelques jours pour passer sous ses aiguilles ! Sans oublier la soirée "ça guest" du 25 avec concerts et expos, qui permettra de le rencontrer et de découvrir la richesse détonante de son univers. A cette occasion, il a d'ailleurs accepter de répondre à quelques questions.

Rencontre avec Yannonyme !



Est-ce que tu peux revenir sur tes études, ton parcours ?



Je devais avoir 8-10 ans quand mes parents m'ont inscrit aux Beaux-Arts. Déjà à cette époque je voulais devenir dessinateur, puis à l'adolescence j'ai introduit et participé à un collectif de BD dunkerquois. Cela m'a permis de rencontrer d'autres dessinateurs avec qui j'ai découvert les festivals BD. 
J'ai quitté ma ville natale pour étudier l'illustration à Tournai, c'est là que j'ai terminé mes études secondaires. Après quoi je suis parti sur Bruxelles afin de poursuivre le cursus supérieur. 
Durant cette période j'ai réalisé que le dessin est une discipline qu'il faut quotidiennement travailler ... J'ai aussi compris que le système scolaire est un cadre qui formate les esprits et parasite la création, il cultive la médiocrité sans se préoccuper de la réussite des élèves. La majorité des enseignants et professeurs ne sont que des théoriciens et rarement des praticiens, ils ne transmettent qu'un résidu de savoir classique sans l'ambition d'un discours de contestation
J'ai pensé que c'en était assez alors j'ai cessé de fréquenter les établissements scolaires pour me consacrer au dessin et à la sérigraphie. Huit ans plus tard j'ai démarré le tattoo comme apprenti à la Boucherie Moderne où je suis resté 5-6 ans avant de m'en aller et mener mon propre chemin.

Qu'est-ce qui t'attire dans le tatouage ? Est-ce que c'est pour toi un moyen d'exprimer des émotions ou de permettre à d'autres de les exprimer ? Est-ce que c'est pour le côté esthétique, sublimer des corps ? Ou simplement pour le plaisir de la création ?


Je considère le tattoo comme un savoir-faire, par ailleurs il est une activité alimentaire qui complète le dessin. Il me permet de diffuser, de communiquer ma conception de l'espace empirique qui compose la réalité matérielle. Le tattoo est avant tout un consensus dans le rapport client et exécutant, il est fondamental que la personne intéressée par mes visuels soit en accord avec ma pensée, sans cette donne le partage est caduque. 


Pourrais-tu nous parler un peu de ta démarche artistique ? 

Ma pratique du dessin se dirige vers deux directions : l'une se penche vers le champ abstrait, produire des structures simples ou saturées en opposant des motifs décoratifs à d'autres systèmes de trames plus brutes voire brouillonnes, ici l'objectif est de créer différentes intensités de compositions. 
Quant à la seconde direction, plus figurative, elle vise le détournement de thèmes violents, sexuels, ambigus. Ma démarche est de transcender ces codes en me les appropriant et susciter une réflexion.
Je me sens proche des idées de contradiction, des sujets radicaux, j'aime aborder des concepts extrêmes. 

Comment te vient ton inspiration ?

Mon inspiration se déclenche lors d'une réaction que j'ai quand un événement se manifeste, il peut s'agir de la lecture d'un livre, la vision d'une photo, d'un logo, d'un film, d'une émission, la découverte dans la nature, l’expérience d'une émotion, l'échange d'opinions, une sensation, l'écoute de musique ... Toutes ces sources d'influence génèrent en moi la volonté de m'exprimer. 


Tu sembles passer beaucoup de temps sur tes dessins, est-ce que c'est quelque chose d'important pour toi ? Et comment ça se passe quand un client te contacte, est-ce que tu discutes beaucoup avec lui avant de le tatouer ? 

Je peux passer énormément de temps sur l'exécution d'un dessin. Plus il est compliqué, plus la réalisation est longue. Ce qui m'importe c'est la charge de propos personnels injectés, sans cela mon approche n'aurait aucune impertinence. Quand quelqu'un se déplace pour mes visuels, nous discutons de la direction graphique en fonction de l'emplacement souhaité puis nous faisons une sélection de motifs, ensuite j'adapte mon dessin au format tattoo.

Tu réalises pas mal de motifs en lien avec la sexualité, est-ce que tu peux m'en dire plus à ce sujet ?

 Mon traitement des thématiques liées à la sexualité est une observation totalement subjective. Ce sujet est très mal perçu car intime et privé, il est très difficile de l'évoquer sans fâcher les esprits, sans provoquer une avalanche de commentaires éculés. 
J'ai choisi de l'aborder sous le prisme de l’extrême. Ma position actuelle se base sur le postulat suivant : la sexualité est autant l'extension d'une marque d'affection que l'assouvissement de pulsions pathologiques. Je porte beaucoup de tattoo à caractère sexuel sur moi ... Je me pose une pléthore de questions sur cet acte et plus j'y réponds plus il m interroge.

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