dimanche 25 janvier 2015

Quentin Schall : entre animation et illustration

Quentin Schall 

Ladies and gentlemen, welcome to the fantastic world of the bright and talented Quentin Schall !
Ce tout jeune strasbourgeois est un petit bout de talent incroyablement doué, totalement fascinant. Rock'n'roll, électrique, déjanté, psychédélique, libre, ultra coloré ... Son monde, tout à fait unique, est tout ça à la fois. Pin-up ultra sexy, sorcière ricanante, momie funny, alien étrange, adolescents torturés : autant de personnages qui prennent vie grâce à sa magie. C'est cool, intriguant, poétique, toujours génial. Partons à la rencontre de cet artiste envoûtant à travers une interview sans tabou !

(Liens hypertexte en rose)


Toutes les photos et autres illustrations de cet article m'ont été remises par l'artiste

Le dessin, l'art : une passion depuis tout petit ?

Oui, j'ai toujours dessiné, et toujours nourri l'espoir de travailler dans ce domaine et surtout dans le dessin animé.
J'ai toujours bricolé plein de petits personnages, en papier mâché, avec du scotch partout, ou avec des branches de bois.
Etant petit, je rêvais de voir bouger mes dessins, qu'ils prennent vie pour me tenir compagnie. Fabriquer ses amis, rien de mieux, non ?

J'ai donc toujours voulu en vivre, même si je suis passé par la case scientifique au lycée, qui m'a d'ailleurs pas mal étouffé. Mes seules heures de respirations étaient celles d'arts plastiques !
Après le bac, j'ai laissé le destin décider avec le système des vœux au lycée. J'avais mis d'une part génie biologique et d'autre part mise à niveau d'arts appliqués. N'ayant pas un profil vraiment scientifique, mon premier vœu a été refusé, et je me suis retrouvé dans une mise à niveau d'arts appliqués au Corbusier, à Illkirch.
C'était un année transitoire où je cherchais beaucoup ce que j'allais faire. Je prenais en parallèle des cours du soir de nu aux arts décoratifs de Strasbourg. Durant cette année j'ai commencé à entendre parler d'école d'animation et d'art ...
Je suis donc allé passer des concours!
J'avais le choix entre une école d'illustration à Lyon ou une école d'animation 3D à Valenciennes. Sachant qu'il est très dur de percer dans l'illustration, j'ai misé sur le multimédia, car le marché du travail dans ce domaine là était assez fleurissant il y a 5 ans. Maintenant c'est plus compliqué ... Comme pour tous les métiers...

J'ai donc commencé l'animation il y a 5 ans. J'ai fait une formation de réalisateur numérique à Supinfocom, à Valenciennes. C'était dur de quitter mon Alsace chérie, surtout pour 5 ans ! Mais j'ai vraiment mis le nez dedans grâce aux cours, aux différents sujets réalisés à l'école. J'ai aussi beaucoup appris avec les camarades de classes, qui sont parfois de meilleurs professeurs.
Mais je continuais à dessiner beaucoup de mon côté après les cours, car il est vrai que dans cet école on ne dessinait pas beaucoup, donc j'évacuais cette frustration en dessinant le soir.

Tes vidéos : tu les réalises tout seul ? Ça demande beaucoup de temps ?

J'ai fait la plupart des vidéos tout seul. Elles sont souvent des réponses à des sujets de cours, mais parfois aussi des essais personnels.

En troisième année, j'ai réalisé un petit film d'une minute qui m'a demandé 6 mois de travail : lien vers Death, girls and tequila
Souvent les gens me disent : "6 mois pour une minute ? Tu n'as pas un peu glandé ?" Mais en fait c'est dingue le nombre de temps que ça prend, et l'investissement qu'il faut fournir pour arriver à finir tout ça ! Et puis c'est dur car, avec la 3D, on pourrait travailler sur le film à l'infini, il y a toujours des choses perfectibles (couleurs, textures... ) c'est pour ça que l'école nous impose des dead-lines !
Il faut d'abord faire des recherches graphiques, croquis, idées, scénario, puis passer à plusieurs étapes de réalisation en 3D, puis s'occuper du son, du montage ... Un travail de patience, et parfois de nuit blanche !
Mais une fois fini, ça fait plaisir de voir son "bébé" , et de pouvoir avoir des avis autour de soi.
Cet exercice est une vraie chance car il permet de nous montrer toutes les étapes de réalisation d'un film, et permet de mettre en avant certaines de nos qualités, du coup, il m'a beaucoup aidé à vraiment savoir que je voulais faire
Dans le milieu de la 3D, c'est aussi notre "carte de visite" pour ensuite trouver du travail.

J'ai aussi participé à des projets de groupe comme pour notre film de fin d'études. On était 6 à travailler dessus, pour un film de 8 min réalisé en environ un an, et là chacun avait sa spécialité et un rôle bien défini dans l'équipe. Page facebook de Denise, film du groupe


Tes sources d'inspiration ? Comment décrirais-tu ton univers ? J'ai l'impression que tu transfères une grande part de ta personnalité dans tes œuvres. Ton art : un moyen d'expression, de catharsis ?

Je suis tout d'abord un très grand amateur de musique, de concerts et de festivals métals, et c'est surtout de là que me viennent mes inspirations. Les couleurs acides, fluos, des éclairage aux néons, des personnages complément fous, des mines lugubres et cadavériques ... Des pin-up, des gothiques, ...
J'aime le batcave comme Alien sex fiend, Siouxsie and the banshees où les Sisters of mercy, mais aussi le psychobilly bien barré avec les Cramps. Je suis un vrai fan de leurs esthétiques ! Sans oublier les groupes psychédéliques ou rock des années 60-70 : les Doors, The Velvet underground, Alice Cooper ... Je pourrai continuer des heures sans m'arrêter d'en citer ! Tous ces artistes ont fait naître en moi des images, des esthétiques, dont j'arrive difficilement à me défaire.

Bien évidemment, les films m'ont aussi beaucoup influencé. L'univers 90's complètement déjanté de mon réalisateur préféré Gregg Araki m'a beaucoup aidé à développer mon propre monde, tant par les sujets qu'il aborde (prostitution adolescente, drogues, familles, fin du monde) que par sons sens de l'image, avec ses couleurs et éclairages fluos.

Au final j'ai assez peu de référence d'artistes plastiques mais plutôt des mouvements d'art en général. J'adore les années 60-70 dans l'art : la libération sexuelle, l’excès, la liberté, la recherche perpétuelle d'innovations, les débuts de la photo, ... Tout était à faire à ce moment là, et les artistes s'en donnaient à cœur joie, une décennie pour les rebelles dans tout les domaines !

J'aime le pop art, les nouveaux réalistes, l'art brut, mais aussi les peintres romantique du 19ème, et l'expressionnisme allemand...
Ma peinture préférée, ou disons celle qui me fait méditer le plus, c'est "Der KonÏgin der nacht" de Karl Friedrich Schinkel.
J'ai aussi une fascination pour le New York des années 60 à 90. Les grandes figures de l'art et de la musique qui y ont vécu m'inspirent directement pour mes personnages : Lou Reed, Warhol et la Factory, Edie Sedgwick, Patti Smith...

J'ai l'impression que j'ai mis beaucoup de temps à me livrer vraiment, où disons à me lâcher dans ce que je faisais ... Peut être l'âge ? 
J'ai aussi mis longtemps à oublier ma terminal S qui m'a beaucoup bridé et qui a un peu anéanti la créativité que j'avais plus petit. Puis, à l'école d'animation, mon prof d'art était assez fermé d'esprit donc il laissait difficilement place à l'épanouissement personnel. C'est vraiment arrivé en troisième année, quand j'ai réalisé mon film d'une minute, c'est là que j'ai vraiment pu montrer mon univers et mes influences.
C'est assez récent le fait que je mette autant de moi dans mes dessins ou des sujets que j'aime aborder : l'adolescence, les êtres androgynes, la drogue, les personnages totalement fous ou névrosés. J'aime les aliens, les soucoupes volantes, les symboles planétaires, les lunes, les étoiles, tout ce qui touche à la culture rock'n'roll, la mythologie égyptienne, les tattoos...
Ce qui est sûr c'est que dessiner est libérateur et curatif. Mais ça crée aussi d'autres frustrations, car on n'est jamais vraiment content de soi ! Souvent, quand je finis un dessin, j'en suis content 5 minutes et les 5 minutes d'après j'aurais déjà envie de le jeter, ou de passer à autre chose, ce qui est pas trop mal en fait car cela pousse à se dépasser, et chercher de nouvelles idées.

Je définirais mon style comme du "cosmic rock'n'roll acid cartoon" ... Non, en fait, je ne sais pas vraiment comment le définir de manière sérieuse !


Des projets pour l'avenir ? Déjà des premières expériences professionnelles ?

J'ai fait deux stages en animation, un à paris sur un court métrage, et l'autre à Montréal pour un autre court métrage, une très bonne expérience.
J'ai eu un premier job de deux mois à la sortie de l’école : il s'agissait d'animer des personnages pour un  épisode de noël pour enfant !
Mais depuis je suis à la recherche de travail, un peu partout et surtout à l'étranger.
Mon premier projet est bien sûr de trouver un job pour être financièrement indépendant, et pour pouvoir continuer mes projets perso à côté.

J'essaye dès que je peux de bosser sur des petits livrets d'illustration que j'aimerais imprimer et vendre !
J'ai récemment vendu quelques impressions à une ou deux soirées au Molodoi de Strasbourg, et à une au Snooker.




Je peux aussi vendre mes impressions à distance, et je réalise aussi des dessins sur commande. Un petit mail si intéressé ou si vous avez des questions :

schallquentin@gmail.com
















Un immense merci au génial Quentin qui a si gentiment répondu à mes questions ! Et si d'aventure tu croises ce p'tit bout de talent dans une soirée endiablée, comme seule Strasbourg en a le secret, n'hésite pas à aller l'aborder !

Page facebook de Rock'n'Art of Elsass, pour découvrir toujours plus d'artistes






3 commentaires: