mercredi 13 juillet 2016

Darla Démonia : portrait d'une femme pas comme les autres

Darla Démonia, j'en avais déjà entendu parler. Je la connaissais de réputation. Darla, c'est la nana super underground, la fille pas comme les autres, celle qui a fait du porno.
Je dois dire que les nanas pas comme les autres, ça me parle, et beaucoup même. J'avais bien envie de la rencontrer, voir un petit peu qui elle était, dépasser la simple réputation pour chercher la vérité de la personne.
Mais j'étais assez embêtée car, sur sa page facebook, il n'y avait plus grand chose qui se passait. Je l'ai tout de même contacté, et on s'est rencontré.
J'ai rapidement compris que Darla Démonia était à un tournant dans sa vie.
Portrait d'une femme belle, et forte, une femme qui a du caractère, et qui s'assume, une jeune maman qui croque la vie à pleine dents.


Toutes les photographies m'ont été remises par Darla.


"Je ne regrette en aucun cas ce que j'ai fait, j'assume entièrement mon parcours. Mais je suis arrivé à un stade de ma vie où j'ai besoin de faire le tri. Je ne veux plus tout mélanger, il faut faire la part des choses désormais. C'est pour cela que je vais supprimer mon ancienne page Facebook Darla Démonia et en créer une nouvelle."
"Je ne vais pas changer de nom, car je ne veux pas effacer mon passé. J'ai simplement besoin de tirer un trait sur celui-ci, pour pouvoir avancer."
"Oui, j'ai fait du porno, je l'ai fait par plaisir, pour m'éclater. Et du jour au lendemain, j'ai tout arrêté pour lui, mon  homme. Pour construire mon couple, ma famille. Et je me dis que j'étais vraiment en train de percer, pourtant j'ai arrêté à ce moment-là, alors que j'étais en pleine montée, et ça me rend fière d'avoir réussi à faire ce choix."

Retour sur son parcours : "Tout s'est fait naturellement"


"Tout a commencé par le shibari. J'ai fait un workshop tout simplement, pour apprendre les cordes, avec Philippe. Il m'a alors demandé de devenir modèle photo pour le shibari. C'était il y a 10-11 ans ... En fait, j'étais à peine majeure quand j'ai commencé les salons de l'érotisme !"
"Je l'accompagnais dans les salons sur le pôle fetish en tant que modèle shibari. Puis quand ils ont décidé de le supprimer, je suis allée explorer d'autres univers."
"Dans ces salons, tu es tout le temps contactée, par plein de monde, beaucoup te proposent des séances photos, toutes sortes de projets."
"Et puis peu à peu j'ai évolué vers le strip-tease puis vers le théâtre érotique. Le théâtre érotique, c'est une scène de cul en directe plus ou moins réalisée dans les conditions de tournage d'un film. Ça me plaisait beaucoup, alors tout naturellement, j'ai continué, je suis allée plus loin. Je n'ai jamais forcé les choses, ça c'est fait comme ça, voilà tout."
"En fait, lors d'un salon érotique, j'ai sympathisé avec une actrice porno. Elle m'a conseillé un producteur et j'ai passé une journée à tourner. Je me suis éclatée ! J'ai adoré faire ça ! Je suis donc restée dans le porno pendant quatre ans. A ce moment-là, j'étais célibataire, je faisais ce que je voulais de mon cul !"
"Je n'ai jamais eu à refuser quoi que ce soit dans le porno, car on ne m'a jamais proposé de choses étant hors-limite. A la rigueur je pouvais refuser un truc si je trouvais que je n'étais vraiment pas assez payée pour le faire !" Ajoute-t-elle en riant.
"Je me rappelle d'une fois, un grand producteur m'avait contacté pour que je tourne pour lui, je lui ai simplement répondu que je n'avais pas de place avant trois mois. Il n'a pas aimé !" Rigole-t-elle.
"Il faut dire qu'entre les tournages, les séances photo, les salons de l'érotisme, j'avais un agenda blindé ! Et j'étais constamment sur la route. Je peux te dire que tu apprends vite à t'endormir dans le train pour que le temps te semble moins long !"
"Parallèlement je rencontrais également des photographes pour monter des projets et réaliser des shootings sans aucun lien avec cet univers-là."


"Du porno par plaisir, et pour le plaisir"


"J'ai fait du porno par plaisir, et pour le plaisir. Il faut savoir que nous ne sommes pas nombreuses dans ce cas-là. Généralement, dans ce milieu, on rencontre deux types de nanas : celle qui fait du porno parce qu'elle veut devenir une star, et qu'elle pense que ce sera une passerelle pour lui permettre d'accéder à la célébrité, et celle qui le fait parce qu'elle a besoin d'argent, et que c'est moins dégradant que de se prostituer."
"De mon côté, je n'ai jamais cherché à être la plus populaire, celle qui courre après les likes etc. Je ne faisais du porno que pour m'éclater ! J'ai profité à fond de ma jeunesse. J'ai vécu des choses géniales, que tu ne peux pas vivre si tu n'oses pas te lancer. J'ai énormément voyager, dans toute la France notamment, et j'allais surtout à Paris vu que la majorité des tournages se passaient là-bas."
"Je garde du porno de très bons souvenirs. Je ne regrette pas du tout d'en avoir fait. Je me suis beaucoup amusée. J'ai profité de la vie."
"Je pense que c'est lié à ma personnalité. J'ai toujours été quelqu'un d'excentrique ! Plus jeune, j'étais un vrai garçon manqué ! J'ai aussi eu une période un peu goth. Ce qui est certain, c'est que j'ai toujours été dans le milieu underground. Je suis ce mouton noir qui refuse de suivre les autres, qui ne rentre jamais dans le moule."
"Le porno en lui-même ne me manque pas. En revanche, ce qui me manque tout de même, c'est de pouvoir voyager, rencontrer plein de monde, ..."
"Je n'ai pas gardé de relation dans le porno. Bien sûr, si je croise un réalisateur ou un acteur avec qui j'ai tourné, on fera un brin de causette. Mais ça s'arrête là."
"En revanche, les salons de l'érotisme m'ont amené à rencontrer beaucoup de monde dans le milieu du fétichisme et de l'underground, et là j'ai noué des amitiés sincères. Dans le fétichisme et l'érotisme, tu rencontres des personnes bien plus ouvertes d'esprit qu'ailleurs, et c'est ce que j'apprécie."


"Je ne pourrais pas arrêter la photo"


Tu l'as compris, Darla a complètement arrêté le porno, par amour, et sans aucun regret. Mais s'il y a bien une chose qu'elle faisait déjà avant, et qu'elle continue de faire, c'est la photo.
"Aujourd'hui, je suis très sélective. Evidemment, je refuse catégoriquement toute proposition indécente. Et puis j'essaye de limiter mes déplacements, du fait de ma vie de famille, je cherche donc des photographes centrés sur Strasbourg avant tout."
"Je suis beaucoup plus attentive au projet également, je ne veux pas me lancer dans n'importe quoi. Il faut que l'idée soit intéressante, qu'elle tienne la route, et que je m'y retrouve. Je peux aussi monter les projets moi-même de A à Z, j'y suis habituée. Et puis il y a aussi des séances qui peuvent se faire de manière totalement improvisée, ça dépend ... A chaque fois, c'est différent."
"Le feeling est également essentiel. Il faut qu'il y ait une bonne entente pour qu'un shooting se passe bien, qu'un lien se crée."
"Le relationnel compte vraiment beaucoup pour moi. Quand entre deux shoots, tu peux délirer, sortir des vannes, c'est tellement mieux que si t'es là à attendre, sans rien à dire ! C'est pourquoi je privilégie principalement les photographes avec qui, justement, je m'entends vraiment bien. "
"Je suis sur plein de projets différents actuellement, avec des photographes très talentueux. Mais s'il y a un photographe que j'apprécie tout particulièrement, c'est Vladimir Tankovitch. Bien que éclectique dans les styles de photos que je puisse faire, on revient toujours plus ou moins à la même chose."
"Or justement Vladimir me pousse à sortir de ce cadre, il me propose des choses nouvelles et j'apprécie ce challenge. C'est vraiment intéressant quand on te propose des choses différentes, ça te permet d'évoluer."
"De toute façon, chaque shooting est différent. Et au même quand il s'agit de la même séance photo, d'une image à une autre, ça change complètement."
"Même s'il est beaucoup plus difficile pour moi désormais de m'organiser, de dégager du temps, je ne pourrais pas arrêter la photo. Ca me manquerait trop."


"J'aime choquer"


Sachant que Darla réalise des images plutôt sombres, "dark", même si elle me confie qu'elle commence un peu à porter de la couleur, c'est-à-dire du gris ou du brun, je lui demande de m'expliquer ce qu'elle aime dans la photo, ce qu'elle recherche :
"Ce que j'apprécie dans la photo, ce sont les belles images. J'adore le corps féminin. Je trouve le nu artistique fabuleux. C'est magnifique, comme la femme peut être sublimée, par le jeu des lumières qui révèle habilement ses courbes."
"Et puis ce que j'aime, c'est choquer. J'aime faire des photos trash. La photo pour moi doit provoquer quelque chose, faire passer des émotions. J'aime interpeller la personne qui la regarde."


Une philosophie de vie ...


"C'est très compliqué entre ma famille, mon boulot, mon bénévolat à la croix rouge, ... Mais on n'a pas le choix. Il faut y arriver."
"Ca fait 4 -5 ans maintenant que je suis bénévole pour la croix-rouge. J'ai une réelle passion pour le secourisme. Je trouve que c'est quelque chose de nécessaire, et d'enrichissant."
"Je suis pour la tolérance, l'entraide, ce sont des valeurs très importantes à mes yeux. Je n'aime pas forcément les gens, mais j'aime l'humanité. Et pour moi c'est important de faire tous ces petits gestes qui permettent justement de retrouver de l'humanité ..."
"Ca fait partie de ma philosophie de vie : savoir apprécier les choses simples, et profiter simplement de la vie. On rencontre tant de problèmes au quotidien, on doit faire face à tant de difficultés, alors pourquoi se compliquer la vie ?"
"En tant que maman, tu vis des petits moments de bonheur qui arrivent à te faire oublier tout le reste."
"C'est vrai qu'en tant que femme, tu t'oublies. Tu fais passer tes propres désirs en dernier. Mais il faut réussir à trouver un équilibre entre tout ça."

Et c'est justement ce que Darla Démonia est en train de faire, trouver un nouvel équilibre qui lui permette de s'épanouir dans sa nouvelle vie. Un équilibre entre ses passions, et sa vie de maman, un équilibre entre la Darla du passé et celle du présent. Plus sûre d'elle que jamais, fière et heureuse, on sent sa détermination, son envie de continuer à avancer. Comme toutes les autres femmes, et toutes les autres mamans.


Suivez Darla Demonia sur sa toute nouvelle page facebook !


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