mercredi 11 juillet 2018

Jean Zoudi, l'artiste graphiste qui se cache derrière Erotic Gum !



« Erotic Gum ». Un profil que je suis sur Instagram et que j’adore, au point de vérifier régulièrement s’il n’y a pas un nouveau dessin de publié et d’enlever le cœur sur une image uniquement pour le plaisir de le remettre encore, encore, et encore une bonne vingtaine de fois.
Le coup de foudre a été immédiat pour ces dessins uniques, superbement bien réalisés, avec un regard artistique vif et novateur. Il dessine des corps, des seins, des pubis, des phallus, des mains et des bouches. Son style a évolué, gagnant en caractère, jouant avec les couleurs et les ombres pour révéler des corps maigres, des visages sans yeux, des ongles rouges qui ont l’air de vouloir griffer de plaisir oui, mais griffer jusqu’au sang. Parce qu’Erotic Gum, s’il me plaît tellement, c’est pour son talent bien sûr mais aussi pour ce style, mélange de glauque et d’érotisme, que j’affectionne beaucoup.
Alors bien sûr, quand j’ai vu qu’Erotic Gum est strasbourgeois, je ne me suis pas fait prier pour l’interviewer ! Découvrons ensemble qui se cache derrière Erotic Gum.

Erotic Gum. Jean Zoudi.



« La 3D offre tant de possibilités ! »




« Salut, moi c’est Jean Zoudi », m’a dit le souriant artiste lorsqu’on s’est retrouvé devant un pub.
Je pensais qu’Erotic Gum était une femme à qui j’aurais donné entre 30 et 40 ans. En fait, Erotic Gum est un homme qui a la petite vingtaine. Je me suis bien gourée sur ce coup-là, j’avoue. Mais mon instinct ne m’avait pas trompé quand il m’a poussé à lui quémander une interview, parce que Jean Zoudi est non seulement très sympa mais en plus il a plein de trucs cool à raconter.

On commence par les études : Jean vient tout juste de finir la dernière année dans une école appelée MJM où il étudiait la 3D et le graphic-design.

« Ça me plaît vraiment ! Je n’avais jamais fait de 3D avant et ça m’a très vite passionné. La 3D offre tant de possibilités ! C’est difficile, je ne le cache pas, mais c’est vraiment génial alors ça vaut le coup de se donner autant de mal. Je ne vois pas quelle autre formation aurait pu me permettre de m’éclater autant. J’ai vraiment pu explorer plein de choses, développer mon univers grâce à mes études. Je suis jeune et il est évident que je me cherche encore, mais j’ai pu travailler beaucoup de choses qui m’intéressent et affiner mon style. »


Dans cette école, les élèves réalisent leur propre court-métrage en deuxième année puis un autre en troisième année qui est plus ambitieux puisqu’ils le font alors par groupe de cinq. Un exercice compliqué et fastidieux :

Jean Zoudi
« La 3D est très technique et tout demande énormément de temps. Pour créer un personnage par exemple, il faut d’abord faire un modèle 3D avec plein de triangles que tu combines ensemble ensuite tu ajoutes la texture puis l'éclairage et tu améliores le tout avec un logiciel de type Photoshop. »

« Pour le court-métrage que j'ai fait l'an dernier, cela m'a demandé cinq à six mois. Alors c'est sûr que ça peut paraître long, il faut réussir à rester dedans, à se motiver tout au long du projet, mais ça reste incroyable comme expérience. En plus, on utilise des logiciels de plus en plus pointus et des outils sans cesse plus développés, ce qui permet de simplifier la 3D tout en offrant toujours plus de possibilités. »

« Ce qui me plairait le plus à l’avenir ce serait clairement de pouvoir faire mes propres films. Mais avant cela j’aimerais bien passer dans des festivals avec mes court-métrages et pourquoi pas faire des résidences où on met à la disposition des artistes des outils ou des équipes, ça permet de progresser. »
Erotic Gum. Jean Zoudi.

Si le jeune homme parle avec une grande passion de sa formation, il n’avait pourtant pas tout de suite épousé la voie artistique lors de ses études : 

« Au collège, je ne rêvais que d’une chose : devenir psychologue ! Après le bac je suis donc entré en fac de psycho mais, même si les cours étaient intéressants, j’ai réalisé que j’avais envie d’autre chose. Je ne m’épanouissais pas dans ce cursus, c’était comme s’il manquait quelque chose à ma vie. J’ai pris conscience, soudainement, que je voulais faire quelque chose de créatif. Je me suis alors immédiatement orienté vers le design en faisant un semestre à la fac avant d’entrer dans l’école. »


jeanzoudi_photography

« J’essaye plein de trucs et je me retrouve dans tout ce que je fais ! »




Passionné de 3D, Jean l’est de beaucoup d’autres choses comme de photo et de montage photo.

« Tu me connais en tant qu’Erotic Gum mais j’ai deux autres comptes sur Instagram, l’un où je poste les photos, on peut me trouver en tant que jeanzoudi_photography et l’autre où je poste mes autres travaux, mon pseudo étant jeanzoudi tout simplement.» 

Sur Facebook on peut aussi trouver la page "L'Enfant Huître" pour suivre le court métrage réalisé en troisième année par Jean et ses camarades, une histoire inspirée par une nouvelle de Tim Burton.

« En plus de l’école je travaille en ce moment dans une boîte de jeu vidéo. C’est très sympa également. »

« Il y a un fil conducteur dans tout ce que je fais, que ce soit le dessin ou la photo, c’est mon intérêt pour l’humain, les corps, l’organique. »



« J’aime me laisser porter et voir les émotions que ça me procure. »



Cet intérêt pour les corps se retrouve dans sa passion pour les différents arts. Il m’explique :

« J’apprécie beaucoup la danse contemporaine par exemple. J’avais vu Monument Zéro au Maillon et c’était vraiment dingue ! Il n'y avait pas de musique, les danseurs portaient des sortes de peintures de guerre, ils avaient l'air habités. On n'entendait que le bruit de leurs corps et de leur respiration. J’étais captivé par leurs mouvements. »
« Je vais aussi régulièrement au théâtre. Je trouve qu’il s’y passe quelque chose de spécial, un truc vraiment puissant qui te bouleverse au plus profond de toi-même. J’ai eu la chance de voir plusieurs pièces qui m’ont beaucoup inspiré. Je peux te citer un metteur en scène italien que j’ai eu la chance de voir au Maillon, Castelluci, qui fait un travail assez organique aux effets très particuliers. » 

Jean est également féru de cinéma. Il m’a cité des réalisateurs comme Terrence Malick avec Song to Song ou Nicolas Winding Refn avec Drive ou Only God Forgives, Lanthimos pour The Lobster et Mise à Mort du Cerf Sacré.

Il m’explique :

« J’apprécie les films qui ne suivent pas forcément de trames définies, ces histoires habituelles avec une situation initiale, des péripéties et un dénouement. J’aime bien quand les réalisateurs montrent des instants de vie ou des successions d’instants … Quand ça part dans tous les sens ! »

« En fait, ce que je recherche dans l’art, c’est de me laisser porter et de voir les émotions que ça me procure. J’aime ressentir des émotions fortes. »

« Je n'aime pas l'élitisme dans l'art, les gens qui disent que tel truc est bien alors que tel autre est nul, ça ne me correspond pas. Je pense que l'essentiel c'est ce que ça te fait ressentir, c'est tout ce qui importe. »


Erotic Gum. Jean Zoudi

« Pour Erotic Gum, je fais ce que je veux. »




Pour finir l’interview, je demande à Jean de se focaliser sur Erotic Gum, grâce à quoi je l’ai connu.

« Erotic Gum, c'est clairement pour mon propre plaisir que je le fais, mais c'est aussi pour m'exprimer et continuer à créer mon univers. En plus, il n'y a pas de deadline, pas de stress. J'ai déjà reçu des commandes mais je ne les accepte pas. Pour Erotic Gum, je fais ce que je veux, tout simplement. »
« J’en profite pour travailler mon style également et changer d’outils. Ici, j’utilise des crayons aquarelable, c’est quelque chose que je n’avais jamais testé avant et que j’apprécie beaucoup. » 

Jean Zoudi. Erotic Gum


Il ajoute avec un sourire :

« J’ai très vite eu pas mal d’abonnés pour ce compte alors que je n’ai pas cherché à en avoir, je n’ai suivi personne ni fait de pub. C’est assez drôle, parce que pour mes deux autres comptes, où je cherche un peu plus sérieusement à toucher du monde, j’ai beaucoup moins de visibilité ! » 

Il faut dire que l’érotisme rencontre un vif succès sur les différents réseaux sociaux, et il y en a pour tous les goûts. Jean se distingue, à mon avis, par cette recherche sur les corps, ce côté un peu glauque qui caractérise si bien son univers et un style indéniable. 
C’est un jeune artiste alsacien à suivre absolument ! Il est d'une grande gentillesse, débordant de curiosité et de passion. Désireux de progresser, d'en apprendre toujours plus, de se surpasser, il a déjà un grand talent, une culture artistique admirable et une modestie sympathique. Enfin bref, tu l'auras compris, à mes yeux, il a tout d'un grand artiste et je ne suis pas peu fière d'avoir pu te le présenter dans cet article. N'hésite pas à le suivre sur Instagram et sur son artstation !



Jean Zoudi
jeanzoudi_photography

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