vendredi 13 juillet 2018

Viens cueillir les tomates du jardin !


Dimanche matin, se lever tôt tout ça pour trimer. Désherber, arroser, arracher, replanter, se faire piquer par les moustiques tigres, avoir de la terre sur les genoux et sous les ongles … Et pourtant se sentir bien, tellement bien, avoir le sourire, la pêche, la banane, sans même yoga, vacances ou valériane … Non ce bonheur-là, ce bonheur si simple et si vrai, c’est l’effet jardin.



Oui, depuis quelques mois, j’ai un grand jardin au plein cœur du Neudorf. Enfin, « j’ai un jardin », je dis ça mais il n’est pas à moi, hein. Je n’ai pas gagné assez de thune pour pouvoir subitement déménager et m’acheter un appartement en rez-de-jardin ou même mieux, une maison avec jardin. Ca se saurait. Si j’avais gagné au Loto, je ne l’aurais dit à personne, mais j’aurais pris mes mômes sous les bras et je me serais tirée au soleil à bord d’un super vélo cargo électrique qui vaut trois mois de salaire, et ouais.

Mais non, au lieu de ça, et c’est tout aussi bien, j’ai rejoins un jardin partagé.

Comment ça s’est passé ? Bah j’étais là, assise à papoter avec LPC (pour La Plus Cool) et je disais que j’aimerais bien rejoindre un jardin partagé. Elle me répond : « Meuf, je fais justement partie d’une asso qui gère un jardin partagé, rejoins-nous ! »

J'ai tout de suite accepté, d'autant que, contrairement à d'autres jardins partagés que j'ai déjà visité, dans celui-ci on n'a pas chacun notre parcelle bien délimitée, non, c'est du collectif : le jardin est à nous tous. Ça me plaît comme principe.



Et le dimanche suivant me voilà dans le fameux jardin, à six minutes à pied de chez moi (ou deux minutes sur un vélo d’occas non électrique) Ce jardin, j’avoue, je ne le connaissais pas. Il est bien caché dans une rue pas trop passante, à moitié piétonne. J’ai d’ailleurs eu du mal à le trouver, ce qui fait que je suis arrivée en retard. Bon, en fait, je suis surtout arrivée en retard parce qu’à moi, quand tu dis « rendez-vous 10h30 », sache que je pars seulement à midi.

Bref, j’arrive au jardin, et d’ailleurs peu importe que tu viennes à 9h, à 10h ou même après le barbecue, la joyeuse troupe t’accueille toujours avec le même sourire. On est une petite dizaine à venir régulièrement. Et on est une majorité de prof, c’est pas pour te faire peur que je dis ça, mais je pense qu’il faut quand même le signaler.

Une petite dizaine, c’est pas beaucoup quand on voit la superficie du jardin et donc tout le travail à faire. Ça m’étonne qu’il n’y ait pas plus de monde qui nous rejoigne d'ailleurs, et notamment des parents avec des enfants. Parce que mes mômes sont du coup les seuls à venir au jardin, c’est un peu dommage. Peut-être que mon article motivera certains d’entre vous à venir, ce serait cool ! D’autant que, pour une année de jardin, il faut débourser une vingtaine d’euros par personne et les enfant ça compte pas, c’est raisonnable. A titre de comparaison, ma salle de sport, c'est une vingtaine d'euros par mois, pas par an.

J’en fais des digressions aujourd’hui, on se croirait dans Jacques le Fataliste, allez je reprends mon récit.



Donc je débarque pour la toute première fois au jardin, je gare mon vélo devant, j’entre tranquillou et là, c’est le gros stress. Ma copine me fait visiter le jardin et c’est juste horrible, je confonds tout, je ne distingue pas les bébés poireaux des mauvaises herbes, je ne comprends pas où s’arrête la surface des fraisiers, elle me parle de sarriette et je sais même pas ce que c’est, elle s’exclame « ah non ne marche pas là, il y a des haricots » alors que c’est que de la terre, de la terre brune sans rien dessus.

J’en fais trop ? Le premier jour, c’est vraiment ce que j’ai ressenti. Le deuxième ça allait un peu mieux et le troisième j’étais parfaitement à l’aise, à naviguer les doigts dans le nez entre le territoire des courges et celui des herbes aromatiques. Faut dire que le jardin est bien pensé, tout est indiqué, délimité, y a même un plan sur notre forum. Il faudrait que je pense à y aller d’ailleurs, sur ce forum, je ne m’y suis pas rendue depuis l’inscription.

Alors oui, ce premier jour, après cette visite catastrophique du jardin, je me suis sentie complètement déboussolée. Et là la coupable qui m'a introduite dans cet antre de l'enfer arrive genre normal tout va bien et me tend une pelle en disant « Je vais planter les tomates sous la serre, pendant ce temps va planter les fraisiers. » Genre c’est un truc tellement anodin, bah oui, tout le monde sait planter des fraisiers, easy ! Mais non ! Pas moi, je ne sais pas faire ça ! Panique totale, j’ai jeté la pelle par terre et je me suis mise à pleurer.

La « chef » du jardin, une femme adorable, pleine de dynamisme et le cœur sur la main, me rassure : « Ne t’inquiète pas, ici, au jardin, chacun vient quand il veut et fait ce qu’il peut. Tu ne sais pas jardiner ? Ce n’est pas grave, on t’apprendra si tu as envie, tu progresses à ton rythme. De toute façon, on est loin d’être tous des pros du jardinage ! L’important ce n’est pas tellement de jardiner d’ailleurs. Ce qui compte, c’est qu’on passe un beau moment ensemble, que notre petite communauté s’entende bien. »



On m’a du coup montré comment planter des fraisiers. Alors d’abord tu désherbes la parcelle, ensuite tu retournes la terre et pour finir tu plantes, en faisant un petit trou, en mettant le pied du fraisier dedans, puis en refermant. Et n’oublie pas d’arroser.

Je me lance donc dans le désherbage. Trop fière, je me rends comptes que je progresse super vite. Normal en même temps, j’arrachais vaguement les mauvaises herbes sans ôter les racines, ce qui n’est pas très utile. Alors j’ai changé d’attitude, je me suis mise à quatre pattes et là, genoux et coudes dans la terre, j’ai tiré comme une folle sur chaque saloperie de mauvaise herbe pour l’enlever jusqu’à la racine. J’étais là, focalisée sur le sol, oubliant les tracas du quotidien, je me suis sentie bien, détendue. En plus, quand tu soulèves une racine, tu tombes sur des dizaines de petits insectes bizarres avec plein de pattes, des araignées jaunes, blanches ou brunes et, mes préférés, des vers de terre. C’est si mignon, ce petit grouillement de vie. Et pourtant les insectes dans nos jardins, tout comme les oiseaux, sont de moins en moins nombreux, ça me rend si triste et ça m’inquiète tellement, pour notre si fragile petite planète. Beaucoup de choses m’attristent et m’inquiètent.

En tous cas, une fois le désherbage fait, je me suis armée de la pelle pour retourner la terre. Un travail fatiguant, surtout quand tu tombes sur de gros blocs de terre argileuse. Tu sais, je me dis que si tu veux juste pratiquer un nouveau sport en plein air, tu peux venir nous donner un coup de main. Ça te fait tout travailler, bras, jambes, fessiers. Pas trop le cardio, c'est vrai, quoique tu peux t’amuser à courir avec la grosse brouette pleine à craquer d'un bout à l'autre du jardin si tu veux.

J’ai d’ailleurs découvert ça aussi ce jour-là, le maniement d’une brouette débordante de mauvaises herbes, à aller vider sur le compost, loin, tout là-bas. C’est fastidieux, mais en même temps tu rigoles toute seule à te voir galérer, les autres du jardin viennent t’aider si t’en as besoin, et puis il y a aussi cette fierté du travail bien fait. Le compost, important aussi, tu sais, pour avoir de la bonne terre et réduire les déchets sans troubler la nature. D’ailleurs, chez nous, tout est naturel, pas de produit chimique, même pour le barbecue. Et on fait de la permaculture, à notre niveau hein.

Une fois les fraisiers plantés (c’est si mignon, petits bébés fraisiers plus ou moins alignés, qui prennent le soleil et puisent l’eau pour grandir), on s’est retrouvé à l’ombre, près de la cabane du jardin, pour se faire un barbecue.

On était huit à se serrer autour de la table, pour ce premier repas au jardin, on discutait, on riait, avec ce bonheur simple, ce sourire sincère et cette bienveillance des belles âmes. J’en fais trop ? Naaaan ! Non mais vraiment, c’est comme ça que je l’ai ressenti, c’est comme ça que je le ressens encore. Tu sais j’ai pas toujours eu une vie facile, j’ai fréquenté  des gens pas biens, vraiment pas biens, avec une mauvaise influence. Alors quand j’ai la chance de rencontrer de si belles personnes bah justement j’en suis consciente de cette chance, et ça me met le cœur en joie.

En plus les copains du jardin savent super bien cuisiner. Je me suis goinfrée de tartes aux légumes et de salade de pâtes, j’ai abusé. Et c’est pire encore quand j’ai goûté au tofu Black Forest grillé au barbecue. Oh qu’est-ce que c’est bon ! De la folie ce truc, j’en suis amoureuse. Et n'oublions pas le meilleur houmous que j'ai mangé de ma vie, un houmous fait maison qui déboîte ! Je peux même te révéler le secret de cette recette : il faut éplucher les pois chiches.


Depuis mes mômes et moi allons au jardin quand on le peut et quand on en a envie. Ce jardin partagé ne doit être une source de contrariété pour aucun d'entre nous alors pas question de se forcer à y aller quand ma fille a une otite ou quand j'ai trop de boulot. Tu vois le principe ? Et on y fait ce qu'on peut. Grâce à mes amis du jardin j'ai appris quelques trucs, c'est pas fou, mais je me débrouille de mieux en mieux. Je replante les poireaux ou j'arrache les gourmands des tomates pendant que mes enfants s'amusent à escalader les arbres, à chercher des escargots ou à arroser les fleurs.
J'aime venir au jardin avec une copine et passer un peu de temps à travailler tout en rigolant sous un soleil doux et un vent léger d'été.
J'aime passer au jardin en coup de vent avant d'aller en soirée pour arroser vite fait quelques plantes et sentir l'odeur de menthe et de basilic sur ma peau.
J'aime voir mes mômes évoluer dans ce petit paradis de nature, cette nature qui prend de plus en plus sens à leurs yeux, qu'ils ont envie de découvrir, de faire grandir, de protéger.
Et la fierté de manger les bons produits du jardin.
Enfin bref, j'aime ça. Et toi, t'aimerais pas ça toi aussi ? Tu as peut-être même déjà ton propre potager, n'hésite pas à nous en montrer une photo !


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